Le Front national est non seulement entré au Sénat, dimanche, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République. Il a surtout réussi à quasiment quadrupler le nombre de voix qu'il comptait rassembler.
Après les municipales et les européennes, les satisfactions électorales s’accumulent pour le Front national (FN) qui est entré dimanche au Sénat, pour la première fois depuis sa fondation en 1972. Ce faisant, le parti de Marine Le Pen a poussé les portes de la dernière institution de la Ve République qui lui résistait, avec deux élus, Stéphane Ravier dans les Bouches-du-Rhône et David Rachline dans le Var.
Au-delà de cette entrée qui reste de l’ordre du symbolique, le FN enregistre surtout un score pour le moins inattendu, et ce de l’aveu même de sa présidente. "Les résultats des élections sénatoriales dépassent nos espérances" a-t-elle affirmé dans un communiqué publié sur le site de son parti.
Une réserve de voix inattendue
En effet, avant le scrutin, les frontistes tablaient sur 973 voix, qui sont celles de leurs élus qui font partie des 158 159 grands électeurs. Or au final, selon Florian Philippot, le vice-président du FN qui s’exprimait dimanche avant l’officialisation des résultats, son parti a comptabilisé 3 888 voix et "donc multiplié [son, NDLR] score par 4". Selon "le Monde", le résultat final est de 3 972 suffrages. À titre d’exemple, dans les Ardennes, le FN, qui ne comptait que dix grands électeurs, a pu réunir 71 voix. "C’est à peu près le cas dans tous les départements, avec des ratios entre 3 et 10, a jubilé Florian Philippot sur France 3. Ce qui prouve qu’il existe bien une dynamique nationale".
Stéphane Ravier, maire du 7e secteur de Marseille et élu dans les Bouches-du-Rhône a affirmé de son côté qu’il avait gagné son siège au Palais du Luxembourg grâce à "120 voix supplémentaires". Dans le Var, le FN qui ne comptait que 215 grands électeurs a réussi à glaner 401 voix. Ces résultats portent la marque d'une "porosité" entre droite et extrême droite, a jugé le secrétaire d'État Jean-Marie Le Guen.
Ancrage local ?
Si nul ne peut en effet exclure que des élus apparentés à la droite républicaine aient voté pour les candidats frontistes, l’autre explication concerne les grands électeurs qui ne sont affiliés à aucun parti et qui, peut-être ulcérés par la réforme territoriale du gouvernement, ont choisi de voter en faveur du FN. Toujours est-il que pour Marine Le Pen, ce résultat "témoigne d’une capacité nouvelle à attirer des élus de proximité qui ne sont pas étiquetés Front National ou Rassemblement Bleu Marine".
Même si, au final, les deux sénateurs élus dimanche l’ont surtout été grâce à un contexte local qui leur est favorable. Et si le parti d'extrême droite savoure ces résultats et leurs enseignements, il reste que dans sa ligne de mire se trouvent surtout les prochaines échéances électorales de 2015, année test d'élections avec les départementales et les régionales où le FN saura si sa stratégie d’implantation locale est confirmée ou pas.