Pour son premier voyage européen, hors de l’Italie, le pape François a choisi l’Albanie, pays où cohabitent en harmonie musulmans et chrétiens. Il y a fustigé l'utilisation de Dieu comme "bouclier" par les mouvements fondamentalistes religieux.
C'est l'Albanie, pays à majorité musulmane où musulmans, catholiques et orthodoxes vivent en harmonie, que le pape François a choisi comme destination pour son premier voyage européen. Plus de 250 000 personnes se sont massées, dimanche 21 septembre, sur le grand boulevard et sur la place Mère Teresa, où il a célébré la messe sous une pluie légère. Plus de 10 000 croyants étaient venus de la région, dont quelque 3 000 du Kosovo voisin.
Dans sa Jeep découverte, le long du boulevard orné de photos de martyrs chrétiens du communisme, il s'est arrêté plusieurs fois pour serrer des mains et prendre des enfants dans ses bras. À la fin de la messe, il a cheminé un moment à pied dans la foule.
Les mesures de sécurité avaient été accrues, par crainte d'hypothétiques menaces que ferait courir au pape la mouvance jihadiste en Europe, avec notamment 2 500 policiers et des tireurs d'élite placés sur les immeubles. Mais le Vatican a réaffirmé à la mi-journée qu'il n'y avait "pas de problèmes de sécurité particuliers".
Dieu n’est pas un"bouclier"
La menace jihadiste a d’ailleurs été au cœur de l’allocution que le pape a adressée aux dirigeants albanais. Il a fustigé l'utilisation de Dieu comme "bouclier" par les mouvements fondamentalistes religieux. "Que personne ne pense pouvoir se faire de Dieu un bouclier lorsqu'il projette et accomplit des actes de violence et de mépris ! Que personne ne prenne prétexte de la religion pour accomplir ses propres actions contraires à la dignité de l'homme et à ses droits fondamentaux", a-t-il lancé, donnant le ton de sa visite.
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En effet, a-t-il noté, le sens religieux authentique est "trahi par des groupes extrémistes", qui "déforment et instrumentalisent les différences entre les diverses confessions" et en font "un facteur périlleux d'affrontement et de violence". Le pape évoquait sans nul doute les exactions des jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI) en Syrie et en Irak. Le pape s'était déjà prononcé en août dernier en faveur d'une action collective en Irak dans le but se stopper les jihadistes de l'EI.
L'Albanie, un modèle de "respect et confiance réciproque"
Devant le président Bujar Nishani, un musulman, le pape François a fait un éloge appuyé de l'attitude des responsables politiques et religieux albanais : "le climat de respect et de confiance réciproque, entre catholiques, orthodoxes et musulmans, est un bien précieux pour le pays et acquiert une signification spéciale dans notre époque. Puisse l'Albanie poursuivre sans cesse sur cette route, devenant pour de nombreux pays un modèle".
En Albanie, l'islam est majoritaire (56 %) et les catholiques représentent 15 % de la population, soit plus que les orthodoxes (11 %). Après la Seconde Guerre mondiale, sous la dictature communiste d'Ever Hoxha, les religions ont été persécutées. La plupart des églises orthodoxes et catholiques, ont été détruites et plus d’une centaine d’hommes d’Eglise tués. Aujourd’hui, la paix et la tolérance prédominent dans le pays.
Avec AFP