
L'opération antiterroriste menée mercredi par 800 policiers est suffisamment rare en Australie pour être soulignée. Pourquoi l'île-continent du bout du monde est-elle devenue la cible de l'organisation de l'EI ? Explications.
Ce coup de filet mené par 800 policiers est l'opération antiterroriste la plus importante de l'histoire de l'Australie. Les autorités ont affirmé avoir déjoué, jeudi 18 septembre, des projets d'assassinats sur son sol fomentés par l'organisation de l'État islamique (EI), qui planifiait de filmer la décapitation de civils. Résultat : 15 personnes arrêtées dans les banlieues de Sydney et Brisbane.
Parmi elles, Omarjan Azari, un Australien de 22 ans, aurait reçu un appel du Moyen-Orient venant de Mohammad Baryalei, 33 ans, "identifié comme l'Australien occupant le poste de cadre le plus élevé au sein de l'EI", explique Isabelle Dellerba, correspondante de France 24 à Sydney.
Terre propice au jihad
L'Australie est-elle devenue une terre propice aux candidats au jihad ? Plusieurs éléments le laissent penser : la semaine dernière, deux hommes soupçonnés de participer à l'envoi d'Australiens en Syrie pour y combattre au sein de l'EI ont été arrêtés.
Au total, les autorités ont identifié environ 60 Australiens qui combattent actuellement dans les rangs jihadistes en Irak et en Syrie. Une centaine d'autres fournissent, depuis l'Australie, un soutien actif aux mouvements sunnites radicaux, affirment les autorités.
Pourtant, en décembre 2012, un chercheur spécialiste du terrorisme international, Andrew Zammit, qualifiait, sur son blog, le jihadisme en Australie de "phénomène tout à fait mineur", au vu des 476 000 musulmans du pays. "Un ratio très faible comparé à celui du Royaume-Uni, de la France, de l'Espagne ou d'autres pays occidentaux."
Ligne dure
Reste que le gouvernement australien a décidé de prendre au sérieux la menace jihadiste. Allié historique des États-Unis, le pays est depuis longtemps impliqué dans la lutte contre le terrorisme. Le gouvernement a notamment apporté son soutien à la coalition en envoyant des troupes en Afghanistan, en 2001, et en Irak, en 2003. Et ce, malgré la forte mobilisation de l'opinion publique australienne, qui s'y opposait.
Sa position s'est durcie à la suite de l'attentat de Bali, en Indonésie, le 12 octobre 2002. Sur les 202 personnes tuées, 88 étaient Australiennes. Le pays, qui n'a jamais été touché par une attaque terroriste sur son terriroire, est alors fortement traumatisé. Avec ce drame, le Premier ministre de l'époque John Howard s'est rapproché de George W. Bush et de sa ligne dure en matière de sécurité intérieure.
Depuis, le gouvernement australien assure avoir réussi à déjouer des attentats en 2005 à Sydney et en 2009 à Melbourne. Le gouvernement a d'ailleurs relevé, il y a moins d'une semaine, son niveau d'alerte de "moyen" à "élevé" pour la première fois depuis 2003. De leurs côtés, l'agence de renseignement et la police ont mobilisé, en août dernier, 455 millions d'euros pour mettre en œuvre de nouvelles lois visant à arrêter les Australiens qui se battent ou suivent une formation avec des groupes terroristes à l'étranger ou soutiennent de tels groupes.
La sécurité est plus que jamais de mise dans le pays. Surtout que le prochain sommet du G20 doit avoir lieu à la mi-novembre à Brisbane et que les ministres des Finances du groupe sont attendus ce week-end à Cairns.