Le Shakhtar Donetsk commence mercredi 17 septembre sa campagne de Ligue des champions, en Espagne, sur le terrain de l’Athletic Bilbao. Un match à l’extérieur, comme tous ceux que dispute le club ukrainien, qui a dû s’exiler pour fuir le conflit qui ravage l’est du pays. Depuis plusieurs mois déjà, le club a déménagé son siège dans la capitale Kiev, où les joueurs s’entraînent désormais, et dispute ses matches à Lviv, à 1 000 km à l’ouest.

Bien loin de la Donbass Arena de Donestk, une enceinte flambant neuve construite pour être la vitrine de l’Ukraine lors de l’Euro 2012, endommagée fin août par les bombardements. Le centre d’entraînement ultra moderne, au sud de la ville, a lui aussi été bombardé une semaine plus tard et occupé par "des hommes en armes".

"C’est n’importe quoi ici", explique à l’AFP Andrei, responsable de la sécurité du centre. "Les joueurs étrangers ont peur, tous les matches se jouent à l’extérieur et les joueurs passent leur temps dans des avions. C’est un désastre pour le club", se désole-t-il.

Des joueurs inquiets

Le Shakhtar compte en effet dans ses rangs un fort contingent de joueurs brésiliens (13 sur les 24 joueurs engagés en Ligue des champions), et effectivement, certains ont pris peur durant l’été. Après un match amical en France contre Lyon, fin juillet, six joueurs ont décidé de prendre la poudre d’escampette, prétextant l’insécurité en Ukraine. Il s’agirait en réalité d’une manœuvre de leur agent, explique, désolé, l’entraîneur Mircea Lucescu. Selon lui, c’est leur agent, Kia Joorabchian, qui "a profité de la situation pour les enlever". "Il a réussi à les convaincre de ne pas rentrer, leur expliquant qu'ils seraient bientôt libres et qu'ils pourraient prochainement signer dans un autre club", assure le technicien roumain dans "L’Équipe". "C'est un pur scandale, ajoute-t-il. Ce sont des joueurs importants pour moi." Depuis, cinq des six "déserteurs" sont revenus au Shakhtar.

Avant d’aborder la Ligue des champions, l’entraîneur est toujours inquiet. "Ce n’est pas une période évidente pour nous. C’est dur de se lever le matin et d’apprendre que 12 joueurs veulent quitter le club alors que nous allons démarrer la Ligue des champions. Maintenant, l’équipe se reconstruit. Les joueurs sont là, en bonne condition après une longue absence (…) Mais nous ne savons pas quel est exactement notre niveau actuel."

Rinat Akhmetov, un président engagé

"Nous avons une responsabilité envers les habitants de Donetsk, qui se trouvent dans une situation très difficile.", insiste l'entraîneur Mircea Lucescu. Le Shakhtar multiplie d’ailleurs les opérations humanitaires pour la population locale via la fondation créée par le président du club Rinat Akhmetov. Le très puissant et très riche homme d’affaires s’est engagé pour une Ukraine unie, contre les séparatistes pro-russes. En mai dernier, il avait demandé aux supporters du Shakhtar de se rassembler dans le stade de l'Arena pour manifester en faveur de “l'unité de l'Ukraine”. Il a également exhorté les employés des ses très nombreuses usines à cesser le travail deux heures par jour en signe de protestation contre les violences. Des annonces finalement peu suivies d’effets…

Le Shakhtar Donetsk reste un fleuron du football ukrainien, avec neuf titres de champion d’Ukraine à son palmarès depuis 2002. Il a remporté les cinq dernières éditions du championnat et la Coupe de l’UEFA en 2009. Le club est actuellement en tête du championnat après six victoires et autant de rencontres. Un championnat par ailleurs réduit à 14 clubs au lieu de 16, depuis l’exclusion du PFC Sebastopol et le FC Tavriya, deux clubs situés en Crimée, région annexée par la Russie.