L'arrivée en France de Netflix, le géant américain de la vidéo à la demande par abonnement, n'est pas vu d'un très bon œil par l'industrie audiovisuelle hexagonale. Invité de L'Entretien de France 24, Reed Hastings, co-fondateur et PDG du groupe, se défend d'être l'ennemi de l'exception culturelle française.
Le service de vidéo illimitée sur abonnement Netflix propose depuis lundi 15 septembre ses services en France où il sera visible sur Internet mais aussi sur la prochaine "box" de Bouygues Telecom "dès novembre".
Après avoir conquis 36 millions d'abonnés aux États-Unis et 14 millions à l'international, dont le Royaume-Uni et les Pays-Bas, le groupe américain part à l'assaut du marché français en s'appuyant sur son vaste catalogue de séries américaines, qu’il rendra disponible pour 7,99 euros par mois. Le service, sans publicité, dont l'atout majeur reste son puissant moteur de recherche et de suggestions, vise deux millions d'abonnés en France dans les cinq ans. "Nous sommes très bien accueillis par les consommateurs français, affirme à France 24, Reed Hartings, co-fondateur et PDG de Netflix. Ils veulent des programmes sur demande, ils veulent pouvoir regarder des programmes où ils veulent quand ils veulent et sur n’importe quel écran".
"Nous sommes si petits à côté de Canal+"
Mais face au débarquement du géant américain, ses concurrents français ont dégainé, notamment Canal+ qui a renforcé son offre illimitée CanalPlay, déjà forte de 520 000 abonnés. "Canal+ est un grand concurrent et nous sommes si petits à côté de lui", lance, diplomate, Reed Hartings. Puis de préciser : "Mais nous avons aussi de grands programmes, des programmes uniques comme 'Orange is the New Black' ou 'Hemlock Grove'. Nous sommes très heureux de commencer une belle aventure avec ces séries".
Les concurrents hexagonaux de Netflix déplorent également le fait que la firme américaine ne soit pas soumise aux mêmes obligations. Avec un siège européen au Luxembourg, puis aux Pays-Bas en 2015, géant du streaming payant échappera à l'impôt français sur les sociétés, à l'obligation de signalétique d'âge et au pourcentage minimum de 60 % de contenus européens et 40 % de contenus français dans son catalogue. Il ne devra pas non plus s'assurer que 12 % de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français.
Le groupe américain contribuera néanmoins au financement de la production audiovisuelle française en versant 2 % de son chiffre d'affaires en France au Centre national du cinéma (CNC), comme le prévoit la loi de finances 2015.
La série "Marseille" : "Un succès international"
Soucieux d’offrir des gages de sa bonne volonté, Netflix a annoncé la mise en production d’une série intitulée "Marseille" et présentée comme un "House of Cards" à la provençale. "C’est vraiment une façon de faire plaisir à tous les consommateurs, et pas seulement français. Nous pensons que cette série représentera un grand succès à l’international, plaide le patron du groupe. C’est filmé en français, cela parle de la culture française et Marseille pourra davantage devenir une destination touristique."
"'Marseille' représentera une très grande réussite internationale"
Accusé par l’industrie audiovisuelle française d’encourager la consommation boulimique de contenus, Netflix s’emploie à rassurer les acteurs hexagonaux du secteur très attachée à l’"exception culturelle". "C’est une culture très fière qui veut s’exporter, se renforcer et nous adorons cela, assure Reed Hartings. Nous sommes l’un des plus grands exportateurs de films français, comme 'Intouchables'. C’est Netflix qui diffuse ces films à l’international. Nous sommes une entité internationale et pouvons accompagner les auteurs et scénaristes français dans leur envie de raconter leurs histoires dans d’autres pays. Nous serons de grands amis des contenus français."
Avec AFP