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NSA : quand les autorités américaines menaçaient Yahoo!

La justice américaine a rendu publics, jeudi, des documents démontrant que le gouvernement américain avait fait pression sur Yahoo!, dans le passé, pour contraindre le portail internet à remettre des informations sensibles à la NSA.

Les autorités américaines étaient prêtes, en 2008, à infliger une amende de 250 000 dollars par jour à Yahoo! pour l'obliger à remettre des informations sur ses utilisateurs. C'est la principale révélation de la publication par la justice américaine, jeudi 11 septembre, de documents judiciaires éclairant la guerre secrète entre Yahoo! et la NSA.

En tout, ce sont 1 500 pages de procédures qui sont dorénavant accessibles à tous sur le Web. Ils permettent de constater que Yahoo! n'a pas remis aux cyberespions américains les données demandées sans livrer bataille. Après deux ans de bras de fer, un tribunal secret censé superviser la collecte d'informations par la NSA a donné raison au service de renseignement. "Cela montre à quel point nous avons mobilisé nos forces pour nous opposer aux efforts de surveillance du gouvernement", insiste Ron Bell, responsable juridique de Yahoo!.

Joli coup de publicité pour Yahoo!

Pour le portail internet, c'est un joli coup de publicité à l'heure où les révélations de l'ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, ont montré à quel point les services américains de renseignement peuvent en savoir long sur la vie des internautes. "Nous avons maintenant la preuve que Yahoo! a effectivement livré bataille et risqué des amendes considérables", souligne Marc Rotenberg, directeur exécutif de l'association américaine Electronic Privacy Information Center.

Mais ces documents révèlent aussi les méthodes des autorités pour avoir accès aux données des géants du Net. Lors des premières révélations, à l'été 2013, sur l'étendue de la cybersurveillance à la sauce NSA, personne ne savait quel était le niveau de collaboration des Yahoo!, Google et autres. Ces grands groupes sont, en effet, légalement tenus au secret sur les demandes des espions américains.

Cette déclassification de documents permet de constater que la NSA n'avait pas un accès direct, en 2007-2008, aux serveurs de ces multinationales. Ce service de renseignement était obligé d'envoyer une injonction à Yahoo! & Co. pour chaque internaute qui l'intéressait. Mais les autorités supportaient, visiblement, très mal le refus et étaient prêtes à taper financièrement très fort sur les doigts de ceux qui, comme Yahoo!, resistaient aux efforts de collecte tous azimuts d'informations sur les internautes.