François Hollande est à Bagdad ce vendredi, deux jours après l'annonce par Barack Obama de la mise en place d'une coalition contre l'organisation de l’État islamique en Irak et en Syrie. Quel rôle la France peut-elle jouer au sein de cette alliance ?
Le président français François Hollande est en Irak ce vendredi pour soutenir les autorités de Bagdad et exposer la façon dont il entend agir contre l’organisation de l’État islamique (EI). "En Irak, le gouvernement et les minorités ont appelé à l’aide. Nous y répondons par des livraisons de matériel militaire et par de l’aide humanitaire. [...] Nous participerons si nécessaire à une action militaire aérienne", avait déclaré Laurent Fabius lors d’une intervention à Sciences Po Paris.
La déclaration du ministre des Affaires étrangères avait précédé de quelques heures le discours télévisé de Barack Obama, au cours duquel le président américain a présenté son plan d’action contre l’EI. Ce plan, dont les contours restent flous, prendrait la forme d’une coalition internationale "dirigée par les États-Unis". La France s’est d’ores et déjà engagée à y participer, mais ne compte pas, à en croire l’expert en stratégie militaire Pierre Servent, se cantonner à un rôle d’exécutant.
Une dizaine d’avions de combat français en Irak
"La France mettra suffisamment de moyens sur la table pour ne pas être seulement une force supplétive", estime le spécialiste des questions de Défense, contacté par France 24. Mercredi soir, le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, professeur de stratégie à Sciences Po et à HEC, a évalué à "une dizaine" le nombre d’avions qui seront envoyés par Paris pour participer aux opérations.
Les appareils français pourraient décoller de la base militaire d'Abou Dabi, aux Émirats arabes unis, dont dispose Paris. "Il y a déjà des avions sur place", affirme Pierre Servent. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a de son côté, prévu de se déplacer, lundi, dans cette région. La France pourrait en outre s’appuyer sur la base de l’Otan d’Incirlik, près d’Adana, en Turquie. C’est là-bas qu’était basé un centre de commandement pour venir en aide aux rebelles syriens. Enfin, Paris a aussi la possiblité de faire atterrir des avions en Irak.
En plus de ses avions de chasse, Paris pourrait envoyer un ou plusieurs Awacs, des appareils de détection et de commandement. En revanche, "le porte-avions Charles-de-Gaulle [actuellement en rade de Toulon, NDLR] ne servirait à rien", estime Pierre Servent. S’il restait en Méditerranée, cela obligerait les avions français à survoler la Syrie ou la contourner par la Turquie, ce qui rallongerait considérablement le trajet… et les besoins en carburant.
Frappes ciblées et déploiement militaire
Les frappes aériennes devraient, selon Pierre Servent, pousser l’EI à se replier dans les villes plutôt qu’à mener des opérations en terrain dégagé. Dans un premier temps, la participation française à la coalition internationale, en plus de livraisons d’armes et de matériel humanitaire, devrait donc se résumer à ces frappes sur des objectifs ciblés.
Mercredi 9 septembre, sur Europe 1, Jean-Yves Le Drian est resté flou sur la future opération, mais il n'a pas exclu l'envoi de militaires au sol en Irak. À la question : "Y aura-t-il des militaires français au sol ?", il a répondu : "Je n'ai pas à vous décliner la manière d'agir. On verra au moment où ça se fera". L’entourage du ministre précise que "rien n'est exclu […] Il faut d'abord qu'on se mette d'accord avec nos partenaires sur ce qu'il faut faire".
Selon Europe 1 250 forces spéciales françaises pourraient être déployées en Irak pour protéger les infrastructures éventuellement utilisées par l’armée française (les aéroports, notamment) et les représentations diplomatiques à Bagdad et Erbil. La radio va plus loin : elle affirme que les commandos pourraient encadrer les unités irakiennes et les miliciens kurdes mais aussi faire du guidage au sol, autrement dit aider les avions de la coalition à trouver et détruire ses cibles.