
L’entreprise chargée de restaurer la pyramide de Djoser à Saqqarah, vaste nécropole de la région de Memphis, au sud du Caire, est accusée par un collectif citoyen de participer à la destruction de cet édifice historique de 4 600 ans.
Du haut de cette pyramide, 4 600 ans d’histoire observent l’Égypte… mais pour combien de temps encore ? La pyramide à degrés de Djoser, située sur l’un des sites archéologiques les plus prestigieux du pays, la nécropole de Saqqarah, est mal en point. Selon un collectif de préservation de l’édifice, l’entreprise chargée de remettre d’aplomb la plus ancienne construction en pierre au monde contribuerait au contraire à sa destruction.
“Non stop robberies”, un mouvement citoyen qui milite pour la sauvegarde du patrimoine égyptien, a accusé, lundi 1er septembre, la société Shurbagy de “commettre un crime” au lieu d’améliorer l’état de la pyramide. Cette entreprise du bâtiment a, en effet, installé plusieurs nouveaux murs autour de l’ancien édifice ce qui “est contraire aux standards internationaux de restauration [des monuments anciens]”, rappelle Amir Gamal, porte-parole de “Non stop robberies”, au quotidien “L’Égyptien aujourd’hui”. Au-delà de 5 % de nouvelles structures, il existe un risque sérieux d’endommager le bâtiment à restaurer. Shurbagy a largement dépassé ce seuil, d’après le collectif, et menace “de faire disparaître purement et simplement” la pyramide à degrés de Djoser.
Zéro expérience
“Non stop robberies” s’en prend aussi directement au gouvernement. Elle juge le ministre des Antiquités, Mamdouh Eldamaty, complice du “crime” pour avoir choisi Shurbagy. Cette dernière n’a, en effet, encore jamais travaillé sur un chantier de restauration de monument ancien, rappelle Amir Gamal. Pire, selon lui, Shurbagy a participé à six projets qui n’ont jamais abouti en neuf ans.
La vénérable pyramide attend pourtant d’être entièrement restaurée depuis un tremblement de terre en 1992. Lors de ce séisme, l’édifice pharaonique avait échappé de justesse à la destruction. Le gouvernement a alors multiplié les projets de restauration jusqu’en 2012, date à laquelle les travaux avaient dû être interrompus plus d’une année pour raisons budgétaires.