Avec le départ de Radamel Falcao à Manchester United, l'AS Monaco semble avoir fait une croix sur ses ambitions. Après avoir dépensé sans compter l'an passé, le propriétaire russe Dmitry Rybolovlev a mis un frein à ses investissements.
Un an seulement après son arrivée, la star colombienne de l’AS Monaco Radamel Falcao quitte le rocher. "El Tigre" a été prêté pour un an à Manchester United. Pour tenter de rassurer les supporters du club de la principauté, le vice-président Vadim Vasilyev s’est expliqué lundi 1er août dans un communiqué: "Nous avons estimé qu'à partir du moment où le joueur avait fait part de son envie de rejoindre Manchester United, il n'était pas cohérent de bloquer ce départ. Il est intéressant de voir qu'aujourd'hui les plus grands clubs souhaitent s'attacher nos joueurs. Mais notre projet ne s'arrête pas là et nous allons continuer à progresser et tout donner pour faire la meilleure saison possible".
Quelques semaines après le départ de James Rodriguez pour le Real Madrid, cette nouvelle perte affaiblit encore un peu plus l’AS Monaco. Au cours de l’été, le dauphin du PSG a également vu partir Emmanuel Rivière, Eric Abidal et Mounir Obbadi. Il y a un an, le club du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev ne faisait pourtant pas mystère de ses grandes ambitions. L’oligarque avait fait sorti son carnet de chèque en dépensant près de 150 millions d’euros, soit deux fois plus que cette année.
En l’espace de quelques mois entre 2012 et 2013, l’ASM était passé de la Ligue 2 au rang de vice-champion de France et d’outsider pour la Ligue des champions. Avec un effectif sensiblement diminué, Monaco fait aujourd’hui figure de Petit Poucet. En Ligue 1, l’équipe n’apparaît même plus comme un sérieux concurrent du PSG. Ses adversaires de C1 (Bayer Leverkusen, Benfica Lisbonne, Zénit Saint-Pétersbourg) n’ont également plus de vraies raisons de s’inquiéter. Comment expliquer un tel changement de statut ?
Respecter le fair-play financier ?
Selon le vice-président du club Vadim Vasilyev, ce coup de frein aux investissements est avant tout dû au fair-play financier, mis en place pour éviter les dépenses excessives aux clubs européens déjà fort endettés. Après avoir recruté sans compter en 2013, Monaco est désormais soumis aux règles de l’UEFA en raison de sa qualification en Ligue des Champions : "Il faut changer notre stratégie, car on n’entre pas dans le cadre du fair-play financier. Ce n’est pas possible. C’est le problème numéro un. On a vu avec le PSG et Manchester City que les sanctions étaient lourdes. Donc pour notre président, c’est hors de question de payer une amende. Il a investi de l’argent personnel, donc il n’est pas question de payer une amende", a déclaré mardi le vice-président sur Infosport +.
Pour Vadim Vasilyev, cette baisse d’ambition fait également suite à des dépenses inattendues. Pour garder son siège social à Monaco, le club a en effet dû signer un gros chèque à la Ligue de football professionnel française. "C’est quand même 50 millions d'euros à payer de la poche du président !", a-t-il regretté.
Des tensions avec la principauté
Pour d’autres observateurs de la planète football, les raisons de cette révision des dépenses sont plutôt à aller chercher du côté du président Dmitry Rybolovlev. Après avoir subi une opération pour une tumeur en juin dernier, le richissime homme d’affaires russe se fait discret à Monaco.
Et la 149e fortune mondiale, selon le classement "Forbes", n’a pas seulement des soucis de santé, il a surtout été préoccupée ces derniers mois par son divorce. En mai 2014, un tribunal de Genève a accordé en première instance à sa femme plus de trois milliards d’euros, une coquette somme qui en fait l’un des divorces les plus coûteux au monde.
Mais selon le journal "l’Equipe", les déboires conjugaux du milliardaire n’expliquent pas tout, car la "procédure peut s’éterniser" et le milliardaire "va jouer la montre". En revanche, toujours selon le quotidien sportif, Dmitry Rybolovlev serait en froid avec les autorités de la principauté. Alors qu’il s’attendait à ce que toutes les portes s’ouvrent à lui, le propriétaire russe a vu son projet de modernisation du stade Louis-II retoqué. Sa demande de passeport monégasque n’a pas non plus été satisfaite.
"Afin de se protéger d’éventuelles nouvelles poursuites judiciaires en Russie et d’une possible extradition que son passeport chypriote n’éviterait pas, Rybolovlev courait après ce sésame depuis trop longtemps à son goût pour continuer à jouer le jeu de la principauté", peut-on ainsi lire dans le quotidien sportif. Dans les années 90, accusé du meurtre d'un directeur d'usine, il a passé 11 mois en prison. En 2008, une enquête a aussi été mené sur lui après l'effondrement d'une mine appartenant à sa société, Uralki. Rybolovlev a par ailleurs placé son argent à Chypre, pour être hors de portée du Kremlin.
Pour l'heure, les véritables motivations des baisses de dépenses du propriétaire du club demeurent floues et les supporters de l’AS Monaco ne cachent pas leur mécontentement. Le site de la "planète ASM" se fait leur porte-parole : "Baladés tout l'été avec des slogans encourageants et des affiches prometteuses, sur lesquelles James Rodriguez et Radamel Falcao semblaient porter l'avenir du club du Rocher vers les sommets, les supporters se sentent trahis aujourd'hui, trahis d'avoir gobé les promesses du club, trahis d'avoir accepté une importante hausse des abonnements au stade Louis-II". Frustrés par ce rêve brisé, ils exigent même le "remboursement de leurs abonnements". Le divorce est consommé.