Déclaré "combattant ennemi" de l'Amérique, Ali al-Marri (photo), arrêté aux États-Unis en 2003 pour escroquerie à la carte bancaire puis accusé d'être une taupe d'Al-Qaïda, a plaidé coupable de "soutien matériel" au réseau terroriste.
AFP - L'ancien "combattant ennemi" Ali al-Marri a plaidé coupable jeudi de "soutien matériel" au réseau terroriste Al-Qaïda devant un tribunal fédéral de l'Illinois (nord), après avoir été détenu sans procès plus de cinq ans sur le sol américain.
La procédure de plaider-coupable prévoit que M. al-Marri purge une peine de 15 ans de prison, soit moitié moins que ce qu'il risquait si son procès avait eu lieu.
L'accord prévoit en effet l'abandon du chef d'accusation de "complot", tel que formulé à côté du "soutien matériel", lors de son inculpation fin février devant un juge fédéral de Peoria, dans l'Illinois.
Après avoir passé plus de cinq ans dans une prison militaire sans charge ni procès, il avait plaidé non coupable en mars.
Sa peine sera définitivement fixée le 30 juillet.
"Nous aspirons à de nombreux objectifs, mais rien n'est plus important que défendre notre pays et nos citoyens contre tout acte de terrorisme tout en garantissant que nous respectons l'Etat de droit et l'esprit de notre Constitution", a affirmé le ministre américain de la Justice Eric Holder dans un communiqué.
Selon le texte du plaider-coupable, M. al-Marri reconnaît avoir été entraîné dans des camps terroristes au Pakistan entre 1998 et 2001 et y avoir rencontré Khalid Sheikh Mohammed, cerveau autoproclamé des attentats du 11 septembre 2001, qui lui a demandé d'"entrer au Etats-Unis avant le 10 septembre 2001 en sachant qu'il y resterait pour une période indéterminée".
Selon ce document, l'accusation a retrouvé la totalité de ses communications électroniques avec Khalid Sheikh Mohammed entre juin et août 2001, et disposait d'un almanach dans lequel M. al-Marri avait "marqué les pages sur les barrages, voies navigables et tunnels aux Etats-Unis".
M. al-Marri est accusé d'être un spécialiste en gaz toxiques, spécialement entraîné à leur utilisation et d'avoir cherché à se procurer du cyanure d'hydrogène, extrêmement toxique, une fois arrivé sur le sol américain.
Al-Marri "cherchait des cibles potentielles et à faire le maximum de victimes", a déclaré Arthur Cummings, directeur adjoint de la branche sécurité nationale du FBI (police fédérale).
Dernier "combattant ennemi" - selon la terminologie utilisée par l'administration de l'ex-président George W. Bush, abandonnée depuis - détenu sur le sol américain, M. al-Marri, citoyen qatari et saoudien de 43 ans, était arrivé aux Etats-Unis en famille le 10 septembre 2001 muni d'un visa étudiant en règle.
Arrêté quelques mois plus tard pour escroquerie à la carte bancaire, il attendait son procès lorsqu'en 2003 le président Bush l'a déclaré "combattant ennemi", le considérant comme une taupe d'Al-Qaïda.