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Les frondeurs du PS ne sont pas à La Rochelle "pour rompre"

, envoyée spéciale à La Rochelle – Les frondeurs du PS ont frappé fort à La Rochelle, samedi, en officialisant leur collectif "Vive La Gauche" devant une salle comble et enthousiaste. Les parlementaires ont appelé à un retour aux promesses de campagne de François Hollande.

"Avec mes lunettes d'aviateur à la Sarko, je vais remporter le prix de la meilleure frondeuse !" Un brun provocatrice, Léa, jeune militante socialiste de 22 ans, quitte, aux côtés de ses amis, l'amphithéâtre de la faculté de Lettres de La Rochelle avec le sourire aux lèvres. Comme elle, plusieurs centaines de militants socialistes ont choisi d'aller soutenir, samedi 30 août, les députés de la majorité, qui s'opposent de plus en plus farouchement depuis le printemps, à la politique du gouvernement de Manuel Valls.

"Heureusement que les frondeurs sont là pour défendre les grandes idées du socialisme et sauver l'honneur", enchérit Antoine 21 ans, engagé - tradition familiale oblige - depuis sa plus tendre enfance. Il se dit aujourd'hui "soulagé" de voir que les parlementaires de la majorité réagissent. Et qu'ils réagissent avec fracas.

"Retour à la politique promise en 2012"

En officialisant le collectif "Vive La Gauche", les frondeurs entendent créer "un grand mouvement pour une renaissance du Parti socialiste", annonce le député Laurent Baumel, devant la salle en ébullition. Au même moment, le journal "Le Monde" publie le "plan d'urgence" des députés frondeurs. Un document de deux pages pour expliquer leur vision d'une politique économique de gauche "alliant un soutien ciblé aux entreprises, du pouvoir d'achat supplémentaire pour les familles et un maintien des capacités d'investissement local". En d'autres termes, "un retour à la politique promise par François Hollande en 2012 et dont on n'a jamais vu la couleur", commente un proche des frondeurs, présent à la réunion.

Ce que regrette également le député Jean-Marc Germain. "Notre projet (en 2012, NDLR) était réaliste, notre tort a été de ne pas y être fidèle", déclare-t-il à la tribune. Excédés par "ceux" - comprendre Manuel Valls - qui "nient l'existence des cadeaux aux patrons", il rappelle que "la cassure ce fut le pacte de responsabilité, ce fut le 14 janvier." Hochements de tête d'approbation dans l'audience.

"Nous ne sommes pas là pour rompre !"

Au lendemain du discours inaugural empli d'espoir du patron de Solférino, Jean-Christophe Cambadélis, qui appelait à une "célébration des idées et de l’amitié socialistes", le ton dénote. Mais bien qu'ils se montrent virulents dans la critique, les frondeurs - qui n'aiment que très peu ce qualificatif -, refusent de parler de divorce. "Nous ne sommes pas là pour rompre !", clame, sous des applaudissements nourris, Henri Emmanuelli, figure incontournable du PS, à l'origine du mouvement "Un Monde d'Avance".

Pas de rupture, donc, mais une réunion que "l'on doit aux militants", explique à France 24 hors-micro, le député Pouria Amirshahi, l'une des figures du mouvement des frondeurs. "Grâce à 'Vive La Gauche', beaucoup de militants sont aujourd'hui heureux de voir que les engagements et l'espoir qui fut le leur en 2012 est encore incarné à l'Assemblée nationale." Mais l'élu ne cache pas son ambition de voir le mouvement frondeur toucher l'ensemble des Français.