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Obama "n'a pas encore de stratégie" pour intervenir contre l'EI en Syrie

Le président Barack Obama a affirmé jeudi que les États-Unis n'avaient pas encore arrêté de stratégie sur une éventuelle intervention militaire en Syrie contre l'État islamique et écarté toute coopération avec Damas.

"Nous n'avons pas encore de stratégie". Dans une conférence de presse à la Maison Blanche, le président Barack Obama a indiqué, jeudi 28 août, que les États-Unis n’étaient pas prêts à intervenir contre l’organisation de l’État islamique (EI) en Syrie. Il a même exclu de recourir à des frappes aériennes à court terme en territoire syrien, mettant un terme à plusieurs jours de spéculations allant dans ce sens, alimentées par des déclarations de responsables du Pentagone. "Je ne veux pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous n'avons pas encore de stratégie. Ce que j'ai lu dans certains articles de presse va un peu au-delà de ce à quoi nous sommes prêts en ce moment", a-t-il dit.

Toutefois, le président américain a souligné qu'il travaillait sur un "projet clair" à la fois militaire et diplomatique pour vaincre l'EI sur la durée, martelant que ce ne serait "ni rapide, ni facile". Il a déclaré qu'il avait confié au secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, le soin de préparer un éventail d'options militaires. Et soulignant la nécessité de s'appuyer sur des "partenaires régionaux forts", il a annoncé que le chef de la diplomatie américaine John Kerry se rendrait prochainement dans la région pour bâtir une coalition indispensable pour répondre à la menace jihadiste."Ma priorité est de m'assurer que les gains territoriaux de l'État islamique en Irak sont effacés", a-t-il expliqué.

Pas de coopération avec le régime syrien

Il a par ailleurs estimé que les États-Unis n'avaient pas à faire de choix entre le régime de Bachar al-Assad d'une part et les jihadistes ultra-radicaux de l'État islamique d'autre part. "Nous continuerons à soutenir l'opposition modérée car nous devons offrir aux gens en Syrie une alternative à Assad ou l'EI", a ajouté Barack Obama. Le régime syrien avait déclaré qu'il était prêt à coopérer avec Washington pour lutter contre les jihadistes, mais que toute frappe en Syrie devra se faire en coopération avec Damas, sous peine d'être considérée comme une agression. 

"Je ne vois aucun scénario dans lequel Assad serait capable d'une façon ou d'une autre d'apporter la paix dans une région qui est à majorité sunnite. Il n'a jusqu'ici jamais démontré sa volonté de partager le pouvoir avec eux ou de chercher un accord", a-t-il souligné, jugeant que le dirigeant syrien avait perdu toute légitimité sur la scène internationale.

Enfin, Barack Obama a affiché sa volonté d'associer étroitement le Congrès à une éventuelle action militaire en Syrie contre l’EI. "Mais il est inutile que je sollicite le Congrès avant que je sache exactement ce que nous devons faire pour atteindre nos objectifs".

Sans surprise, les propos du président américain ont suscité de vives réactions dans le camp républicain, qui réclame une politique plus dure contre l'EI. "Cela confirme ce que nous disons depuis près de deux ans: il n'y pas de réelle stratégie", a souligné Mike Rogers, président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants. "Tout le monde sait que vous ne pouvez arrêter l'EI en Irak (...) sans toucher à ce qui est considéré comme leur base, leur capitale, dans l'Est de la Syrie".