Bien qu'inquiète face à la menace de pandémie, l'Union européenne a écarté pour le moment la suspension des liaisons aériennes vers le Mexique, comme le demandait la France, qualifiant cette mesure de "draconienne".
AFP - Les pays de l'UE, "inquiets" face à une probable pandémie de grippe porcine, se sont engagés jeudi à coopérer étroitement pour la juguler, sans toutefois prendre pour le moment des décisions spectaculaires comme la suspension des vols vers le Mexique préconisée par la France.
"Nous sommes inquiets, c'est vrai, mais nous pouvons contrôler la situation et ne pas paniquer", a conclu la commissaire européenne à la Santé Androulla Vassiliou, à l'issue d'une réunion d'urgence des ministres européens chargés de la santé.
Une pandémie paraît désormais "très" probable, ce qui ne veut pas dire qu'elle sera très meurtrière, a-t-elle ajouté, notant que la plupart des patients qui l'ont contractée ont bien réagi aux traitements disponibles.
Les conclusions finales adoptées jeudi par les ministres appellent à agir en concertation dans tous les domaines liés à l'épidémie de grippe, mais rappellent que la santé reste en premier lieu une question nationale.
En marge de la réunion du Luxembourg, le gouvernement italien a d'ailleurs conseillé à ses ressortissants revenant du Mexique de rester à la maison pendant sept jours à compter de leur retour "en raison de la transmissibilité élevée et de l'absence d'immunité de la population".
La majorité des pays de l'UE a écarté pour le moment une idée française de suspendre les vols "aller" vers le Mexique, a constaté jeudi la ministre française de la Santé, Roselyne Bachelot, tout en espérant la relancer si nécessaire.
Pour la ministre espagnole de la Santé, Trinidad Jiménez, dont le pays compte le plus de cas avérés de la maladie en Europe -13-, il faut "attendre de voir comment évolue la situation avant d'adopter un moyen aussi draconien".
Selon les conclusions adoptées, les capitales européennes doivent "prendre toutes les mesures appropriées, si nécessaire concernant le voyage, pour assurer la protection la plus efficace aux citoyens, sur la base de consultations au niveau européen".
Cette référence assez générale au voyage a donné lieu à de longs conciliabules. Reflet des consignes très contradictoires émanant actuellement des capitales.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a décidé mercredi de relever à 5 son niveau d'alerte pandémique (avant-dernière étape pour déclarer une pandémie), conseille désormais aux pays d'encourager la réduction des voyages ainsi que les rassemblements liés aux transports publics. Mais elle ne recommande pas de restrictions officielles de déplacement vers les pays touchés.
Les 27 se sont aussi engagés jeudi à "coopérer de manière étroite" pour "faciliter la mise au point d'un vaccin pilote couvrant le virus A/H1N1 dans le plus court délai possible".
En attendant, ils devront "utiliser de manière optimale les antiviraux".
L'OMS invite désormais les pays affectés à distribuer des antiviraux et à lancer la préparation de la vaccination.
L'Italie a demandé jeudi à ses partenaires d'étudier les possibilités de mettre en place des "stocks stratégiques d'antiviraux et de vaccins" au niveau de l'UE et un "programme d'achat" commun de ces produits.
Mais la suggestion n'a pas fait l'objet d'un véritable débat, selon un diplomate, qui souligne que cela prendrait des mois à mettre en place et ne pourrait pas concerner l'épidémie actuelle.
Pendant l'épidémie de grippe aviaire, les pays de l'UE avaient refusé de constituer des stocks communs d'antiviraux.
"Chaque pays doit être responsable en ayant suffisamment de médicaments à disposition" a jugé Berlin. Pour autant, "s'il y a une véritable escalade de la crise, les Etats européens qui ont plus de stocks d'antiviraux se sont dit prêts à aider d'autres pays dans un esprit de solidarité", a assuré Mme Vassiliou.