Coup de jeune à la table du conseil des ministre, mercredi. Parmi les trois trentenaire en vue du nouveau gouvernement, Emmanuel Macron, propulsé au ministère de l'Économie. Portrait d'un jeune premier à l'ascension éclair.
Du haut de ses 36 ans, il incarne la surprise du gouvernement Valls II dévoilé mardi 26 août. Esprit brillant, CV vertigineux et allure de gendre idéal, Emmanuel Macron promet de marquer de l'empreinte de sa jeunesse et de sa fougue le ministère de l'Économie, où il succède à Arnaud Montebourg.
Mais cet ancien inspecteur des finances et gérant de la banque d'affaires Rothschild est surtout l'inspirateur de la nouvelle ligne économique du président. Une ligne macroéconomique de soutien aux entreprises, qu'il a lui-même contribué à dessiner. Car avant d'accéder à Bercy, Emmanuel Macron a été une figure centrale de l'Élysée, occupant de 2012 à juin dernier le poste de secrétaire général adjoint. Principal conseiller économique et financier du chef de l'État, il a été l'un des artisans du pacte de responsabilité, dont François Hollande a fait le cœur de son action depuis janvier.
"Il a toute la confiance du président"
De Montebourg à Macron, c'est donc un virage à 180° qu'opère l'exécutif, qui a clairement dépouillé le gouvernement de son aile gauche. Mais "Emmanuel Macron est un socialiste", a martelé le Premier ministre Manuel Valls lors de son intervention mardi soir au 20 heures de France 2. "En deux ans à l’Élysée, il a fait la démonstration de ses qualités professionnelles, politiques sur tous les dossiers industriels stratégiques du mandat : d'Alstom à Florange en passant par SFR, PSA", commente encore l'un de ses anciens camarades de promotion à l'ENA. "Et en tant que secrétaire général adjoint, il a été l'un des inspirateurs du socialisme de l'offre", ajoute-t-il. "Il est jeune et, le plus important, il a toute la confiance du président", résume un autre.
À Bercy, un proche confie : "Il lui restera à dompter ses élans de franchise pour affronter les projecteurs de la politique" et incarner la politique économique pro-entreprise voulue par le président. Pour cela, il n'aura aucun mal, aussi à l'aise dans les milieux patronaux qu'un poisson dans l'eau et proche de Pierre Gattaz, le patron des patrons.
Énarque, pianiste et philosophe
Né en 1977 à Amiens de parents médecins, Emmanuel Macron enfile les diplômes comme des perles : lycée Henri-IV, Sciences Po, ENA (promotion Léopold Sédar Senghor) et DEA de philosophie politique consacré à Hegel, après un détour par Machiavel dont il ne manquera pas de se souvenir dans les couloirs de Bercy. De 1999 à 2001, il s'offre une parenthèse philosophique, assistant de Paul Ricœur, l'un des plus grands penseurs français du XXe siècle. De l'ENA, il sort inspecteur des Finances, ce qui n'empêche pas ce grand amateur d'opéra d'obtenir un 3e prix de piano du Conservatoire d'Amiens.
En 2007, il est rapporteur général adjoint de la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali, l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand. C'est lui qui le présentera à François Hollande. "Depuis, avec Hollande, ils ne se sont pour ainsi dire plus quittés", confie l'entourage du chef de l'État. Il est à ses côtés pour la primaire socialiste, à ses côtés encore pour élaborer son programme présidentiel dont il chiffrera les mesures, jouant, selon un proche, "un rôle clé" dans la campagne.
Une fortune construite chez Rothschild
À la banque Rothschild, il grimpe les échelons rapidement pour devenir associé-gérant en 2012 et piloter le rachat par Nestlé d'une filiale de l'américain Pfizer. Cette transaction de neuf milliards d'euros le met à l'abri du besoin. Mais quand François Hollande s'empare de l'Elysée, il lâche la banque pour le palais présidentiel et un bureau d'angle lumineux.
Mais en juin dernier, Emmanuel Macron quitte l’Élysée pour, dit-il, "prendre du recul" et des vacances avec son épouse Brigitte, de 20 ans son aînée et qui fut son professeur de français au lycée jésuite de La Providence à Amiens. Remplacé auprès de François Hollande par Laurence Boone, venue de Bank of America, l'ex-banquier envisage alors un job "dans l'enseignement et la recherche" et même de fonder une start-up.
Le démon des affaires de la cité ne lui en aura pas laissé le loisir avec sa nomination surprise à la tête du ministère de l’Économie, annoncé mardi par un secrétaire général de l'Élysée tout sourire, Jean-Pierre Jouyet, un autre de ses proches et soutien de choix.
Avec AFP