Dans un climat social très tendu, les huit principaux syndicats français s’apprêtent à défiler ensemble pour la Fête du travail vendredi - une première. Selon un sondage, les Français sont 72 % à voir d’un bon œil cette mobilisation.
Ce 1er Mai s’annonce historique. C’est en effet la première fois que les huit principales centrales syndicales françaises appellent à manifester ensemble contre la politique sociale du gouvernement, notamment contre sa réponse à la crise économique. "Ça ne s'est jamais produit dans notre pays, jamais il n'y a eu un 1er Mai à l'appel de tous les syndicats", s’est réjoui jeudi, sur Europe 1, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.
Près de 300 défilés devraient avoir lieu dans toute la France. A Paris, CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, FSU, UNSA et Solidaires ont donné rendez-vous à leurs troupes à partir de midi place Denfert-Rochereau, dans le sud de la capitale. Le cortège doit rejoindre ensuite la place de la Bastille.
Dégradation du climat social
La mobilisation policière à Paris sera "renforcée" à cette occasion, compte tenu notamment de la tenue concomitante de plusieurs manifestations et de la participation de Tamouls et de Kurdes au défilé unitaire des syndicats, a indiqué la Préfecture de police de Paris.
Selon un sondage CSA paru jeudi dans le quotidien communiste L'Humanité, 72 % des Français soutiennent ou éprouvent de la sympathie à l’égard des manifestations du 1er Mai.
Pour cette Fête du travail, traditionnel jour de mobilisation sociale, les syndicats s’attendent à une mobilisation plus importante que les autres années, étant donné la dégradation du climat social notamment due à la multiplication des annonces de licenciement. C’est la troisième journée unitaire de manifestations organisée depuis le début de l’année par l’intersyndicale, après celles du 29 janvier et du 19 mars.
Crise et travail dominical au cœur du mécontentement
Mais les syndicats estiment ne pas avoir été suffisamment entendus par le gouvernement. Les syndicats demandent surtout un plan de relance basé sur le pouvoir d’achat et des mesures fortes contre le chômage. La nouvelle loi sur le travail dominical, qui devrait être débattue au Parlement en juillet, devrait être aussi la cible des slogans des manifestations de vendredi.
"Ni le maintien de l'emploi, ni l'amélioration du pouvoir d'achat, ni la relance économique tournée vers la consommation n'ont fait l'objet de négociations", a déploré le "G8" syndical dans un communiqué commun.
L’après-1er Mai
Mais l’unité syndicale pourrait se fissurer lundi 4 mai, alors que les syndicats devront s’entendre sur "l’étape d’après". Le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, voudrait en effet prolonger cette nouvelle journée de manifestations par une grève public-privé de 24 heures. Mais François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a réaffirmé son opposition à une grève "qui ne règlerait pas" les problèmes.
Alors que certains ont exprimé des craintes ces dernières semaines face à la radicalisation des conflits sociaux, à la multiplication des séquestrations de dirigeants d’entreprise et aux dégradations commises par des employés de Continental dans la sous-préfecture de Compiègne le 21 avril, les syndicats semblent toutefois d’accord pour canaliser la protestation et éviter des débordements. L'ex-Premier ministre UMP Dominique de Villepin avait notamment parlé, mi-avril, de "risque révolutionnaire" en France, des propos jugés irresponsables par plusieurs dirigeants de son parti.