
La police a entamé des négociations avec les manifestants afin de les convaincre d'évacuer l'un des deux aéroports qu'ils bloquent depuis plusieurs jours. Les opposants se disaient "prêts à mourir" plutôt que de quitter les lieux.
BANGKOK - La police a entamé vendredi des pourparlers avec les opposants thaïlandais pour les inciter à évacuer l'un des deux aéroports de Bangkok qu'ils occupent depuis mercredi en exigeant la démission du Premier ministre Somchai Wongsawat.
"Nous leur demandons de permettre la reprise des activités à l'aéroport" de Don Muang, a déclaré le général Suchart Muenkaew, qui conduit les négociations, en ajoutant que l'assaut serait donné en cas d'échec du dialogue.
Les opposants se préparaient à un assaut des forces de l'ordre et se disaient prêts à mourir plutôt que de quitter les lieux.
"Nous n'avons pas peur de la police car nous aimons notre pays et nous aimons notre roi. Nous n'avons pas peur de mourir", a déclaré Toy, un manifestant âgé de 53 ans.
Le Premier ministre a déclaré l'état d'urgence jeudi dans la zone des deux aéroports, alors que l'hypothèse d'un coup d'Etat se fait insistante.
Dans une allocution à la nation, le chef du gouvernement a déclaré que la police et certaines unités de l'armée s'efforceraient de mettre fin au blocage des aéroports qui, a-t-il dit, nuit gravement à l'économie du pays.
L'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), qui organise depuis six mois une vaste campagne anti-gouvernementale, a refusé de céder et promet une épreuve de force.
"Nous ne partirons pas. Nous utiliserons des boucliers humains contre la police s'ils essaient de nous disperser", a déclaré l'un de ses dirigeants, Suriyasai Katasila.
Des "gardes de sécurité" de la PAD, armés de bâtons et de barres de fer, étaient postés sur des barricades interdisant l'entrée de l'aéroport international Suvarnabhumi, où près de 15 millions de personnes transitent chaque année.
De telles scènes se répétaient aux abords de l'aéroport Don Munang, qui gère le trafic intérieur thaïlandais.
Trente équipes médicales se tiendraient prêtes à intervenir, selon le site internet du journal The Nation, même si l'on ignore ce que comptent entreprendre les forces de l'ordre.
La crise politique qui perdure depuis trois ans en Thaïlande a franchi un nouveau cap lundi quand la PAD a lancé son "ultime bataille" contre le gouvernement qu'elle accuse d'être un pion au service de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui vit en exil après avoir été renversé par un putsch en 2006.
Alors que l'on spécule sur l'hypothèse d'un nouveau coup d'Etat, Somchai a démenti vouloir limoger le chef de l'armée, Anupong Paochina, après avoir rejeté la veille son appel à organiser de nouvelles élections pour sortir de la crise.
La pression est forte sur les militaires pour qu'ils interviennent alors que les partisans du gouvernement menacent de descendre dans la rue en cas de départ forcé du Premier ministre.
Les tensions sont au plus haut dans le pays, qui a déjà connu 18 coups d'Etat ou tentatives en 76 ans.
A Chiang Mai, dans le nord du pays, un groupe de partisans du gouvernement a abattu un opposant mercredi soir après l'avoir fait sortir de sa voiture. Mardi, des manifestants de la PAD avaient ouvert le feu à Bangkok sur le camp adverse, faisant au moins onze blessés.
Plusieurs pays, dont la France, ont conseillé à leurs ressortissants d'éviter la Thaïlande jusqu'à la réouverture de l'aéroport de Bangkok.
Le Bangkok Post a estimé de son côté que les troubles actuels entraineraient la perte de dizaines de milliers d'emploi dans le secteur du tourisme.