Un an après avoir obtenu un asile provisoire, l'ex-collaborateur du renseignement américain Edward Snowden ne va pas être obligé de quitter la Russie. Il a été autorisé à y rester trois années supplémentaires.
L'homme par lequel le scandale de l'espionnage à grande échelle de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a éclaté, Edward Snowden, a été autorisé à résider trois ans de plus en Russie. L’ancien consultant de la NSA, qui y réside déjà depuis un an, "a obtenu le droit de résidence pour trois ans" sur le sol russe, à compter du 1er août 2014, a indiqué son avocat lors d'une conférence de presse. Ce nouveau statut va lui permettre de pouvoir voyager à l’étranger.
"Dès que la plus petite occasion se présentera, mon client pourra donner une conférence de presse", a affirmé son avocat.
Edward Snowden a été inculpé aux États-Unis d'espionnage et de vol de documents appartenant à l'État, pour avoir transmis à la presse des dizaines de milliers de documents prouvant l'étendue des activités de la NSA, suscitant alors de très fortes tensions entre les États-Unis et leurs alliés.
Si les autorités américaines lui ont retiré son passeport, Edward Snowden jouit désormais en Russie d'un statut ordinaire, celui d'un ressortissant étranger doté d'un permis de résidence de trois ans, qui lui permet de travailler où il veut en Russie et de se déplacer librement à l'étranger.
"Dans un avenir plus lointain, Edward Snowden devra décider s'il souhaite vivre en Russie comme citoyen russe, ou retourner aux États-Unis", a relevé son conseil. "Le permis de résidence ouvre à son bénéficiaire presque tous les droits d'un citoyen russe. Ce nouveau statut accroît considérablement les droits de Snowden", a déclaré un expert juridique russe en la matière, Vladimir Volokh, cité par l'agence russe de presse Ria Novosti.
L'avocat de Snowden a déclaré ne pas avoir connaissance de la récente demande d'extradition de son client faite par les États-Unis, ni de discussions entre Moscou et Washington sur ce point.
Edward Snowden bénéficiait jusqu'à présent d'un statut plus précaire, en tant que détenteur d'un droit d'asile pour un an, octroyé après avoir passé plus d'un mois - selon la version officielle - dans la zone de transit de l'aéroport international moscovite Cheremetievo.
Celui qui se considère comme un "donneur d'alerte" attaché au respect des libertés individuelles était arrivé à Moscou via Hong Kong en mai 2013 avec l'intention de trouver refuge en Amérique latine.
Absent à la conférence de presse de son avocat, il mène une existence très secrète en Russie, où on ne sait même pas dans quelle ville il réside. De très rares photos de lui ont été publiées dans la presse, la dernière, parue il y a quelques jours, le montrant apparemment assistant à un spectacle depuis une loge du théâtre moscovite du Bolchoï.
Edward Snowden étudie le russe
"Il a trouvé du travail (...) et il apprend intensivement la langue russe", a déclaré Me Koutcherena. "Disons qu'il travaille dans son domaine de prédilection. C'est un très grand spécialiste en matière de technologies de l'information", a poursuivi l'avocat, sans plus de précisions.
L'accueil octroyé par la Russie à Snowden peut aussi être interprété comme un pied de nez du Kremlin envers l'Occident, qui vient de sanctionner économiquement Moscou pour son soutien présumé aux séparatistes prorusses en Ukraine.
"La présence même d'Edward Snowden revêt une importance symbolique pour la Russie, les informations qu'il détient perdant quant à elles de leur valeur au fil du temps", expliquait il y a quelques jours à l'AFP le politologue Alexeï Makarkine.
"Snowden est devenu un symbole de la lutte pour la liberté, c'est utile pour la Russie. Aujourd'hui, il est l'un des arguments forts qu'elle peut faire valoir auprès de la communauté internationale", à un moment où ses relations avec l'Ouest s'aggravent chaque jour.
Avec AFP