Les deux plus hauts responsables du "Kampuchéa démocratique" encore vivants, Nuon Chea et Khieu Samphan, ont été condamnés jeudi à la réclusion à perpétuité pour crimes contre l'humanité au cours du régime khmer rouge (1975-1979).
Ils ont écopé de la prison à perpétuité. Jeudi 7 août, les deux plus hauts responsables khmers rouges encore vivants, l'idéologue du régime Nuon Chea, 88 ans, et le chef de l'État du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 83 ans, ont été reconnus "coupables de crimes contre l’humanité, d’extermination, de persécution politique, et d’autres actes inhumains", dont les déplacements forcés de population et les disparitions forcées. Peu après le verdict, leurs avocats ont décidé qu'ils allaient faire appel mais compte tenu "de la gravité des crimes", le tribunal de Phnom Penh, parrainé par l'ONU, a décidé qu’ils resteraient en détention.
Arrêtés en 2007, les deux octogénaires comparaissaient depuis 2011 pour leurs responsabilités dans les atrocités commises entre 1975 et 1979, au nom d'une utopie marxiste délirante, visant à créer une société agraire, sans monnaie ni citadins. Ils ont nié toutes les accusations retenues contre eux, assurant n'être pas responsables des atrocités du régime. À l'issue de deux années d'audiences, l'accusation avait requis en octobre l'emprisonnement à vie contre les deux accusés, soit la peine maximale prévue par le tribunal, qui a exclu dès sa création la peine de mort.
"La perpétuité, c'est à la fois beaucoup et aussi très peu"
Autre procès, pour génocide
S’ils vont finir leur vie en prison, les deux khmers rouges n’en ont pas pour autant fini avec la justice. La procédure judiciaire, complexe, avait été découpée en deux pour tenter d’obtenir au moins un verdict avant leur mort. Le jugement de jeudi concerne le premier "mini-procès" qui s'est concentré sur les crimes contre l'humanité, liés à l'une des plus grandes migrations forcées de l'Histoire moderne. Leur second procès, cette fois pour génocide - contre les Vietnamiens et la minorité musulmane des Chams -, les mariages forcés et les viols commis dans ce cadre, ainsi que les crimes commis dans plusieurs camps de travail et prisons, dont le sinistre centre de torture S-21, s'est ouvert le 30 juillet.
Au total, quelque deux millions de personnes sont mortes d'épuisement, de maladie, sous la torture ou au gré des exécutions sous le régime de Pol Pot, décédé en 1998 sans avoir été jugé.
Avec AFP