Israël a annoncé une trêve humanitaire lundi (de 7 h à 14 h GMT) sur la majorité du territoire de Gaza. Moins de deux heures après son entrée en vigueur, une Palestinienne de huit ans a été tuée et 30 personnes ont été blessées près de Gaza City.
Israël observe une "fenêtre humanitaire" de sept heures, lundi 4 août, sur la majorité de la bande de Gaza, a annoncé l'État hébreu, alors qu'il fait de nouveau face à l'indignation internationale, après une frappe qui a tué au moins dix Palestiniens dimanche, dans une école de l'ONU.
L'armée a cessé le feu à 10 heures (7 h GMT) pour faciliter l'acheminement d'une aide humanitaire à la population et le retour des déplacés, mais ripostera si elle est attaquée, a déclaré dans un communiqué le ministère de la Défense, au 28e jour du conflit avec le Hamas.
Une fillette de huit ans tuée à Gaza
Cette huitième trêve annoncée par Israël s'annonce une nouvelle fois fragile. Moins de deux heures après son entrée en vigueur, une fillette de huit ans a été tuée et une trentaine de personnes ont été blessées dans un raid aérien sur une maison du camp de Shati, dans l'ouest de la ville de Gaza, ont indiqué des secours palestiniens. En quatre semaines de conflit, le bilan s'élève à 1 823 morts côté palestinien.
Un peu plus tôt dans la matinée, avant le début du cessez-le-feu, dix Palestiniens ont été tués dans de nouveaux raids, selon les services de secours.
"Pour les Palestiniens, la trêve ne signifie plus rien. Ils n'y croient absolument pas", témoigne Matthieu Mabin, l'un des envoyés spéciaux de France 24 à Gaza. "L'un des objectifs de l'armée israélienne est la destruction au moins partielle de l'organigramme de la branche armée du Hamas, or certains chefs continuent à communiquer, à donner des ordres, donc il reste du travail, il reste des chefs à cibler", précise Matthieu Mabin.
itLes frappes continuent à Rafah
La trêve ne s'appliquera d'ailleurs pas dans certains secteurs situés à l’est de la ville de Rafah, dans le sud du territoire côtier, où les troupes israéliennes poursuivent leurs opérations contre le Hamas. Dans cette zone, "des affrontements sont encore en cours et une présence militaire israélienne est maintenue", souligne le communiqué du ministère de la Défense.
La frappe de dimanche contre l'école gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) est intervenue alors même qu'Israël opérait un début de retrait unilatéral de ses troupes au sol dans la bande de Gaza. L’école, située également à Rafah, avait été transformée en centre d'accueil pour environ 3 000 réfugiés.
La responsabilité de la frappe intervenue à Rafah n'a pas encore été formellement établie. L'armée israélienne a déclaré avoir "pris pour cible trois terroristes du Djihad islamique montés sur une moto à proximité d'une école de l'UNRWA à Rafah", la ville du sud du territoire soumise depuis vendredi à un pilonnage intensif.
Dimanche, 71 personnes ont encore péri dans le seul secteur de Rafah, selon les secours locaux, et sept autres ont été tuées dans la soirée dans le nord de la bande de Gaza.
La frappe contre l'école de l’UNRWA a provoqué l'indignation de la communauté internationale, et a été sévèrement condamné par l'ONU et les États-Unis.
C'est la troisième fois en 10 jours qu'une école de l'ONU est atteinte. Une trentaine de Palestiniens ont déjà été tués dans des frappes sur des écoles à Beit Hanoun le 24 juillet et à Jabaliya le 31 juillet.
Un "massacre" de civils qui n’est pas justifié, selon Laurent Fabius
"La tradition d'amitié entre Israël et la France est ancienne et le droit d'Israël à la sécurité est total mais ce droit ne justifie pas qu'on tue des enfants et qu'on massacre des civils", a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères français, dans un communiqué publié à Paris.
Laurent Fabius a évoqué notamment le bombardement d'une école dimanche à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. "Le Hamas porte évidemment une responsabilité écrasante dans cet engrenage macabre qui sert surtout les extrémismes, mais celle-ci non plus ne justifie pas ce que le secrétaire général des Nations unies a qualifié de crimes", a précisé le ministre.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait qualifié dimanche de "nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international" le bombardement ayant touché une école de l'ONU à Rafah et tué au moins dix Palestiniens.
"Combien de morts faudra-t-il encore pour que s'arrête ce qu'il faut bien appeler le carnage de Gaza ?", a dénoncé le chef de la diplomatie française dans sa déclaration.
Face à cette situation, Laurent Fabius dit soutenir et même "exiger" l'instauration d'un cessez-le-feu tel que proposé par l'Egypte et préconise la solution politique des deux Etats "dont les paramètres sont connus" et qui "devra être imposée par la communauté internationale".
"Nous sommes prêts en tant que Français et Européens, à concrètement contribuer" à l’instauration d’un réel cessez-le-feu, a ajouté le ministre.
Avec AFP, Reuters