Face à la pauvreté et à l'épuisement des ressources naturelles à Madagascar, certaines femmes malgaches ont décidé de recourir à la contraception. Reportage dans un village du sud-ouest de Madagascar, Andavadoaka.
À Madagascar, avoir beaucoup d’enfants a toujours été considéré comme une bénédiction. Jean-Baptiste est pêcheur. Il a 20 enfants. Une main-d’œuvre dont il ne peut se passer. Sans eux, explique-t-il, la vie serait encore plus dure. Grâce à leur aide, la famille survit. Certains l'aident à la pêche, d'autres tentent de gagner un peu d'argent à la débrouille. "Avec un seul enfant, comment ferais-je ? Là, je peux demander à l’un d’entre eux d’aller un peu travailler, ce qui nous permet de manger du riz", raconte-t-il.
Mais la pauvreté pousse aujourd'hui une partie de la population malgache à envisager la famille différemment. Face à l’épuisement des ressources naturelles, à la surpêche et à la précarisation, certaines femmes commencent à opter pour le contrôle des naissances. C’est le cas de Marie-Olive, une villageoise d’Andavadoaka (sud-ouest). "Si j'avais le choix, je préfèrerais avoir beaucoup d'enfants mais la vie est dure donc je diminue pour l'instant", explique-t-elle à France 24.
Une ONG, Blue Ventures, aide ces femmes qui, à l’instar de Marie-Olives, préfèrent espacer les naissances, pour ne pas se retrouver avec trop de bouches à nourrir. L’objectif de cette association britannique est double : servir de "planning familial" aux Malgaches et œuvrer dans le même temps pour la nature et l’environnement. L'association encourage notamment les villageois à ne pas pratiquer la surpêche. "Il est important de laisser les jeunes poissons vivre pour les générations futures, explique une de ses membres. Générations futures qui dépendent entièrement des ressources naturelles pour survivre."
Pour l’ONG, les deux projets sont compatibles. "Les gens ici ont commencé à venir nous voir pour d’autres besoins que ceux environnementaux. Leurs familles étaient très nombreuses et ils sentaient que cela devenait difficile… C'est comme ça que la connexion s'est faite, on a commencé à parler de mettre à disposition des services de santé", explique un membre de l'ONG.
Pour le moment, dans le village d’Andavadoaka, le projet a commencé à porter ses fruits, même si, bien sûr, nourrir une population très nombreuse tout en préservant l'écosystème reste une tâche encore difficile. Pour rappel, à Madagascar, neuf habitants sur 10 vivent avec moins de deux dollars par jour.