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Un sceau impérial chinois a été vendu aux enchères à Paris pour un montant de 1,68 million d'euros. Au grand dam des autorités chinoises qui affirment que l'objet a été volé lors de la mise à sac du Palais d'été de Pékin en 1860.

AFP - Un sceau impérial chinois provenant du Palais d'Eté, dont la vente a suscité des réactions d'indignation à Pékin, a été cédé mercredi pour 1,68 million d'euros lors d'une vente aux enchères mercredi à Paris, a constaté une journaliste de l'AFP.

Ce cachet en néphrite (jade) blanche sculptée, surmonté de deux dragons impériaux dos à dos et daté de l'époque Qianlong (XVIIIe siècle), a été acquis par un enchérisseur chinois présent dans la salle.

Dans son seul commentaire à la presse, en mandarin, cet homme qui n'a pas donné son nom a affirmé "avoir acheté cela pour un collectionneur privé français vivant en France".

Les conservateurs du Yuanmingyuan (le "vieux Palais d'Eté"), dans le nord-ouest de Pékin, ont protesté mercredi contre cette vente, dans un communiqué, affirmant que le cachet provenait des objets pillés au palais et que de "telles reliques devraient être rapatriées et retournées à leur lieu d'origine".

"Nous exprimons une fois de plus notre forte indignation face à ces actions répétées qui heurtent les sentiments du peuple chinois, ses intérêts culturels et viole les conventions internationales", est-il dit dans le communiqué.

Le sac du Palais d'Eté en 1860 par les troupes anglo-françaises est l'un des épisodes les plus retentissants de l'invasion de la Chine par les puissances coloniales, une humiliation toujours vive près de 150 ans plus tard.

L'étude Beaussant-Lefèvre, qui organisait l'enchère à Drouot, a répondu à ces critiques en assurant que "tout était en règle" pour cette vente.

Les ventes de sceaux impériaux ne sont pas rares sur le marché, une dizaine sont vendus par an dans le monde, selon l'expert de la vente Thierry Portier, interrogé par l'AFP. De plus en plus recherchés, ils peuvent atteindre des sommes très importantes. Un sceau du XVIIe a ainsi été vendu à Toulouse en juin dernier 5,6 millions d'euros.

L'expert, qui a réalisé lui-même plusieurs ventes, a ajouté que les Chinois alors "ne s'étaient jamais manifestés".

Fin février, la Chine avait été ulcérée par la vente "illégale", tenue à Paris, de deux bronzes chinois, une tête de rat et une tête de lapin d'une hauteur d'une quarantaine de centimètres, pillés il y a près de 150 ans à Pékin.

Un collectionneur d'art chinois, Cai Mingchao, avait acheté les deux pièces 15,7 millions d'euros chacune lors de la vente aux enchères de la collection Yves Saint Laurent/Pierre Bergé, conduites par Christie's, avant d'annoncer qu'il n'avait pas les moyens de les payer.