Alors que le bilan humain s'alourdit jour après jour, et malgré les pressions internationales, l’État hébreu et le Hamas n'ont jamais paru aussi loin de déposer les armes. Explications.
À moins d’un coup de théâtre, et malgré un intense ballet diplomatique dans la région, la perspective d'un cessez-le-feu entre l’État hébreu et le Hamas n'a jamais paru aussi incertaine, et nul ne semble prêt à déposer les armes. Et pour cause, le gouvernement israélien, plus déterminé que jamais à mener à son terme son opération, n’est pas prêt à accepter les conditions d’un cessez-le-feu exigé par le mouvement palestinien, au pouvoir à Gaza.
Le Hamas s’estime en position de force
À commencer par leur principale revendication, c'est-à-dire la levée intégrale du blocus imposé depuis 2006 à la bande de Gaza, à laquelle s’ajoutent notamment l’ouverture du poste frontalier de Rafah avec l’Égypte et la libération des prisonniers politiques. "Nous voulons un arrêt de l'agression dès demain, voire aujourd'hui ou en ce moment même, mais levez le blocus avec des garanties et non pas une promesse pour des négociations ultérieures, a insisté le dirigeant du Hamas Khaled Mechaal, qui s'exprimait mercredi depuis le Qatar. Nous n'accepterons aucune initiative qui ne lève pas le blocus imposé à notre peuple".
S’il a néanmoins affirmé qu'il était favorable à "une trêve humanitaire", le chef du mouvement palestinien, à l’instar des autres dirigeants, ne semble pas enclin à faire baisser les enchères tant qu’il s’estime en mesure d'enregistrer des succès sur le terrain. Il cherche également à obtenir des gains politiques, vitaux pour la survie de son mouvement, en perte de vitesse avant le début des hostilités, et ce malgré l’étendue des pertes en vie humaines infligées à la bande de Gaza par la machine de guerre israélienne.
"Nous n'avons pas l’impression, ici à Gaza, que le Hamas soit particulièrement impatient de relancer les négociations en vue d’un cessez-le-feu car, pour le moment, sur le plan purement médiatique, le mouvement palestinien juge avoir l’ascendant puisque les pertes de l’armée israélienne sont considérables", rapporte Mathieu Mabin, l’envoyé spécial de France 24 dans le territoire palestinien. Depuis le début de l’offensive terrestre dans la bande de Gaza, 32 soldats israéliens ont été tués au combat. Soit le bilan le plus sanglant depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006.
Israël ne veut pas d’un cessez-le-feu au rabais
Un bilan qui commence à peser lourd côté israélien. Si le gouvernement de Benjamin Netanyahou avait commencé par accepter un accord de cessez-le-feu, le 15 juillet, rejeté par le Hamas, la donne a changé. Et ce, après le début de l’opération terrestre déclenchée pour mettre un terme aux tentatives d’infiltrations de combattant en territoire israélien, via des tunnels clandestins.
En effet, selon le journal Haaretz, le principal problème, pour Israël, concernant l’acceptation d’un cessez-le-feu immédiat semble être d’ordre politique, car l’opinion publique pourrait reprocher aux responsables d’avoir perdu trop de soldats pour n’atteindre finalement que trop peu d’objectifs. Aux yeux des Israéliens, il faut, qu’au minimum, cessent les tirs de roquettes sur le territoire de l’État hébreu et que les tunnels souterrains soient neutralisés.
itAvec le feu vert de l’opinion publique
Les différents sondages publiés ces derniers jours dans les médias israéliens penchent en faveur de la poursuite de l'opération et donnent les coudées franches au gouvernement, alors que les critiques internationales contre l'opération israélienne croissent à mesure que le bilan humain s'alourdit à Gaza. Ainsi, selon un sondage réalisé par le quotidien de droite "Israël Hayom", 77 % des Israéliens se disent opposés à un cessez-le-feu immédiat dans la situation actuelle tandis que seuls 16 % des sondés estiment qu'il faut se résoudre à accepter une trêve. En outre, une majorité d'Israéliens (94 %) se dit satisfaite de la conduite de l’opération "Bordure protectrice", déclenchée le 8 juillet.
Lundi, au cimetière militaire du mont Herzl, la sœur du sergent Moshe Malko, un jeune appelé tué à Gaza, a adressé un message empli de colère au chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahou. "Je voudrais dire à notre Premier ministre, faites que le sang de nos proches n’ait pas été versé en vain, pour rien, ne capitulez pas, ne cédez pas, détruisez-les jusqu’au dernier."
Une détermination que partage les alliés politiques de Benjamin Netanyahou, à commencer par la majorité des élus du Likoud, ou encore le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et Naftali Bennett, le ministre de l'Économie. "Nous payons un prix élevé et nous n'allons pas faire le travail à moitié", a ainsi récemment déclaré ce dernier.
Même Tzipi Livni, la ministre de la Justice, qui représente le courant le plus modéré au sein du cabinet israélien, a indiqué mercredi qu’un cessez-le-feu n’était "pas proche", car Israël entend poursuivre son offensive "non pas pour contenir une menace, mais pour désarmer une organisation terroriste". Et d’ajouter : "Un cessez-le-feu ne se fera pas selon les conditions inacceptables que le Hamas a exigées".
Une quasi-unanimité qui rend inaudibles les appels des mouvements pacifistes israéliens, qui n’ont de cesse de réclamer la fin des hostilités.