Alors qu'Israël mène des raids aériens contre Gaza depuis six jours, l’opinion américaine soutient majoritairement la cause israélienne. Mais de plus en plus de voix divergentes se font entendre outre-Atlantique.
Ils étaient une poignée de manifestants à se réunir, la semaine dernière dans le quartier de Brooklyn, derrière les pancartes affichant "Boycotter Israël". Le rassemblement organisé par l'association Adalah NY - la branche new-yorkaise de "Boycott, désinvestissement et sanction" (BDS), a réuni quelque 70 militants.
En dépit de la faible mobilisation, le militant d'origine palestinienne Remi Kanazi reste convaincu que les Américains sont de plus en plus nombreux à remettre en cause le soutien à Israël. "Il y a environ sept ans, il était difficile de prononcer le mot Palestinien dans une conversation", raconte-t-il à FRANCE 24.
Aujourd'hui persuadé que les mentalités américaines sont en train d’évoluer sur le sujet, il revendique son appartenance à cette association en pleine expansion. "Regardez ce mouvement qui prend de l'ampleur dans 20 universités du pays, regardez la décision de l'église presbytérienne qui boycotte certaines entreprises pro-israéliennes, et regardez les artistes qui annulent leurs concerts dans l'État hébreu en signe de solidarité pour le peuple palestinien, comme Roger Waters, Elvis Costello, Bono, ou encore Santana, constate-t-il. Ce sont des petites actions mais qui vont avoir un effet boule de neige".
À ce titre, la récente décision du centre de l’Église presbytérienne a vivement marqué les esprits. En juin dernier, il a retiré près de 23 millions de dollars d'investissement de trois entreprises américaines (Caterpillar, Hewlett-Packard et Motorola Solutions) vendant à Israël des équipements utilisés dans la colonisation des territoires occupés en Cisjordanie. "Un choix qui s'est opéré pour des raisons de conscience", explique à FRANCE 24 le directeur Rick Ufford Chase. Le centre a déjà refusé d'investir dans des compagnies travaillant dans le tabac ou l'alcool, et s'est aussi désengagé de sociétés en Afrique du Sud ou au Soudan. "Cette fois-ci, nous étions inquiets de la façon dont ces sociétés soutiennent l'occupation militaire israélienne".
51% des Américains pro-israéliens
Pour autant, le mouvement de boycott ne semble guère susciter la crainte du Comité juif américain, persuadé qu'il ne génère que peu d'audience aux États-Unis. "On peut créer autant de théories qu'on veut, mais les faits sont là : prenez n'importe quel sondage et vous verrez que l'Amérique reste un pays très majoritairement pro-israélien, dans des rapports de 4, 5 ou 6 contre 1, commente David Harris, directeur de l'institution. Que ce soit dans les bons moments ou les périodes plus difficiles comme aujourd'hui. Les Américains s'identifient et supportent l'État d'Israël !".
Un sondage, publié mardi 15 juillet par le think-tank américain Pew Research Center, révèle en effet que l'opinion américaine reste majoritairement pro-israélienne (51%), contre seulement 14 % des personnes interrogées, qui défendent la cause palestinienne. À noter également que 3 % soutiennent les deux camps et 15 % n’en soutiennent aucun.
Le centre d'études indépendant, basé à Washington, a également constaté que "les opinions ont quelque peu évolué depuis avril", date du précédent sondage. Les sondages ont en effet montré que "le nombre de Républicains favorables à Israël a augmenté de 68 % à 73 % en trois mois", tandis que le nombre de démocrates pro-israéliens reste inchangé avec 44 % en juillet, contre 46 % précédemment.