À mi-parcours, quatre coureurs français figurent au Top 8 du classement général du Tour de France. Une densité rarissime qui pourrait permettre aux jeunes pousses tricolores de la petite reine de prétendre au podium à Paris.
Août 97, au soir de la dernière étape du Tour de France : le Français Richard Virenque décroche la deuxième place du classement général, derrière l’intouchable Allemand Jan Ullrich. Un second podium consécutif pour le grimpeur, porte-étendard du cyclisme français, qui ne laisse alors pas augurer de la grande disette tricolore à venir sur le Tour. Surtout qu’à l’époque, le cyclisme est à l’aube du plus grand scandale de dopage de son histoire.
Dix-sept ans plus tard, le podium de Virenque, propre ou non, fait presque figure de coup de force. Depuis, les Français ont brillé dans les cols, remporté à plusieurs reprises le maillot à pois, mais pas un n’est parvenu à se hisser dans le Top 3 de la Grande Boucle. Une traversée du désert pour le cyclisme tricolore qui pourrait bien prendre fin sur ce Tour 2014.
Au soir de la 10e étape, quatre Français sont présents dans le Top 8 du classement général, une première au XXIe siècle qui laisse entrevoir la perspective d’un podium sur les Champs-Élysées. D’autant que cette année, la jeune garde du cyclisme français peut compter sur les coups du sort pour tirer son épingle du jeu. À mi-parcours, Chris Froome et Alberto Contador, deux candidats à la victoire finale, ont déjà posé pied à terre.
AG2R vers une stratégie d’équipe ?
Pour Romain Bardet (4e), Tony Gallopin (5e), Thibaut Pinot (6e) et Jean-Christophe Péraud (8e), l’horizon s’est donc considérablement éclairci. Mais dans les Alpes, et plus encore dans les Pyrénées, ils devront contenir les velléités offensives de trois autres prétendants : l'Australien Richie Porte (2e), l'Espagnol Alejandro Valverde (3e) et l'Américain Tejay van Garderen (7e). L’Italien Vincenzo Nibali, étincelant maillot jaune, semble promis à la victoire finale sur les Champs.
Un défi de taille, notamment pour les "Bleuets" que sont Pinot, 24 ans, Gallopin, 26 ans et Bardet, 23 ans. Ce dernier, 15e en 2013, pourrait toutefois bénéficier de l’appui de son leader chez AG2R, l’expérimenté Jean-Christophe Péraud.
Interrogé par le quotidien l’Équipe, mardi 15 juillet, Péraud n’écartait pas de se mettre au service de son équipier, même si ses ambitions individuelles restent au premier plan : "Pour l’instant, avec Romain, on a chacun notre objectif : lui, une place dans les 10 et le maillot blanc, moi, dans les 10 aussi. Quelque chose de plus grand pourrait nous faire changer d’avis. Pourquoi pas se sacrifier, mais c’est la course qui le décidera. Le premier objectif, c’est celui de l’équipe."
Pinot en embuscade, Gallopin un peu moins
Si AG2R peut jouer la carte du nombre, Thibaut Pinot conserve également de belles chances de podium. Le Français de la FDJ.fr, deuxième à la Planche des Belles Filles (qui accueillait l'arrivée de la dixième étape du Tour), pourrait profiter d’un tracé qui lui convient parfaitement. Quatre grandes étapes de montagne restantes se concluent par une arrivée au sommet : un schéma totalement adapté à ses qualités de pur grimpeur.
Pinot, qui assure "penser avant tout à gagner une étape plutôt qu'au classement général", devra toutefois négocier habilement le contre-la-montre de 55 km prévu au programme, sur lequel il présente des garanties moins solides que ses principaux concurrents.
En revanche, malgré le maillot jaune qu’il a défendu bec et ongles sur l’ascension de la Planche des Belles Filles, Tony Gallopin n’a que très peu de chance de figurer sur le podium à Paris. Le coureur de la Cofidis, qui a bénéficié de circonstances de course favorables pour se hisser dans le Top 10, présente un profil plus adapté aux classiques printanières qu’à la haute montagne. Ce rouleur, qui passe somme toute assez bien les bosses, s'est même offert le luxe d'une victoire d'étape à Oyonnax (10e étape) au nez et à la barbe d'un peloton lancé. Mais sur les forts pourcentages à venir, il devrait souffrir et quitter assez rapidement les cimes du classement.
Des quatre mousquetaires, trois semblent donc en mesure de jouer le classement général de ce Tour 2014. Un objectif parmi d’autres, puisque Bardet et Pinot devraient aussi se disputer le maillot blanc de meilleur jeune, qu’un autre Bleu, Pierre Rolland (Europcar), avait conquis en 2011.
Ce duel tricolore aura, en tout les cas, le mérite de redorer un peu le blason de la formation à la française, tant décriée ces quinze dernières années.