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Les universitaires affirment leur détermination

Universitaires et étudiants sont mobilisés, ce mardi, pour réaffirmer au gouvernement leur refus de la réforme des universités qui constitue, à leurs yeux, une réelle menace pour l'avenir de l'enseignement supérieur.

Etudiants, enseignants, chercheurs et personnels administratifs se sont réunis, mardi, près de l'université de Jussieu, dans le Ve arrondissement de Paris, au son du slogan "Le savoir n’est pas une marchandise, l’université n’est pas une entreprise !"


Il s’agit de leur 11e journée de manifestation depuis le début de la mobilisation, le 2 février.


Tous sont là pour défendre l’université comme service public. C’est pourquoi la manifestation de ce mardi est organisée conjointement avec celle des personnels de santé opposés au projet de loi Bachelot. Les deux cortèges se sont rejoints en début d’après-midi pour défiler ensemble jusqu’au Sénat.


Depuis plus de trois mois un bras de fer oppose la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, aux étudiants et professeurs du supérieur qui dénoncent plusieurs points de la réforme.


Au cœur du litige, la loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités, dite LRU, qui prévoit notamment de donner davantage d’autonomie aux universités y compris pour ce qui est de leur gestion financière, mais aussi la réforme du statut des enseignants-chercheurs. Laquelle introduit la notion - contestée - de "modulation" par les présidents d'université des heures d'enseignement des professeurs.

"L’université est en danger"


"Il faut que toute la loi LRU soit retirée, tous les décrets en découlent", explique Claire. "Avec la loi LRU, c’est le service public qui est menacé", renchérit Clémence. Agées de 18 et 19 ans, elles sont toutes deux étudiantes en cinéma.


Dominique, enseignante en sciences informatiques à Paris-12, s’inquiète des conséquences de cette réforme : "L’accès à l’enseignement supérieur sera de plus en plus inégalitaire, avec notamment la sélection par l’argent."


Pour Yann Philippe, professeur des civilisations américaines à l’université de Reims et membre du collectif "Sauvons l’université", "l’université est en danger, l’avenir des petites universités est en jeu et l’avenir des étudiants les plus défavorisés qui ne pourront pas aller dans les plus grandes universités est menacé."


"Le gouvernement est sourd !"


Anne, Françoise et Estella, enseignantes à la Sorbonne, sont venues manifester ensemble, toutes matières et grades confondus, parce que "ce qui se passe dépasse les cas particuliers", estiment-elles.


"Le gouvernement a passé le décret en douce pendant les vacances", dénonce Estella. "C’est notre contrat de travail qui est modifié sans négociations préalables !" s’indigne Anne, professeure d’anglais, faisant référence à la réforme du statut des enseignants-chercheurs, autre point d’achoppement de la réforme.


"Il y a une idéologie sous-jacente à cette réforme qui ne nous plaît pas, qui est la privatisation. C’est tout un projet de société qui est en jeu, c’est le modèle français de service public qui est en danger", explique Estella. "Le gouvernement est sourd ! s'emporte Françoise. Ce qu’on souhaite c’est qu’on déchire la copie, qu’on retire les décrets, et qu’on mette autour d’une table, les personnes concernées avec les syndicats et les collectifs comme 'Sauvons la recherche' et 'Sauvons l’université'."


La mobilisation reste forte


Malgré plus de deux mois et demi de conflit, la détermination des manifestants ne faiblit pas. "On restera là aussi longtemps que le gouvernement ne répondra pas aux questions des universitaires, des personnels administratifs et des étudiants", s’exclame Françoise, professeure de sciences économiques.


Ils étaient environ 12 000 à manifester ce mardi à Paris, selon les organisateurs, 1 600 selon la police.


D'après Yann Philippe, du collectif "Sauvons l’université", c’est précisément "la politique de surdité du gouvernement qui alimente le mouvement".