
La présence annoncée de l’Algérie au défilé du 14-Juillet, sur les Champs-Élysées, à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, fait débat à Alger. En toile de fond : un devoir de mémoire entre la France et l'ancienne colonie.
Le 14 juillet prochain, des officiers algériens descendront les Champs-Élysées aux côtés des représentants des 80 nations invitées, impliquées d'une manière ou d'une autre dans la Première Guerre mondiale. Le rassemblement est historique car, pour la première fois, la quasi-totalité des nations engagées durant la Grande Guerre seront réunies. Mais la présence de l’Algérie, département français en 14-18, divise les partis politiques algériens.
Le débat émane des partis de l'opposition, qui reprochent au pouvoir de ne pas avoir mesuré la portée d'une telle décision. Pour Lakhdar Benkhellaf, député du Front de la justice et du développement interrogé par France 24, "le gouvernent algérien aurait mieux fait de ne pas prendre cette décision, pour ne pas heurter les algériens". "L'annonce a été faite d'abord par les Français, comme à chaque fois", a reproché le député algérien avant d’accuser plus précisément Paris. "La France continue à refuser de reconnaître ses crimes, et nos autorités nous empêchent d'incriminer la colonisation française en Algérie."
De son côté, la puissante organisation nationale des moudjahidines (ONM), composée d’anciens combattants, s'est publiquement opposée à la participation de militaires algériens au défilé parisien.
Mais pour Abdelaziz Benali Cherif, le porte parole de la diplomatie algérienne, la polémique n'avait pas lieu d'être. "Des milliers d'Algériens ont payé de leur vie pour les valeurs de liberté pendant la Première Guerre mondiale, et pour combattre le nazisme durant la Seconde, c'était un grand sacrifice. Les pays pour lesquels les Algériens se sont battus nous sont redevables", a-t-il déclaré au micro de France 24. Quelque 23 000 soldats algériens ont été tués durant la Grande Guerre.
La position du Rassemblement démocratique national (RDN), proche du pouvoir, reste plus nuancée que celle des partis de l’opposition. Pour Seddik Chiheb, député du RDN, la participation algérienne au défilé reste "protocolaire" et ne change rien aux relations entre les deux pays. "Nous continuerons de réclamer une reconnaissance de la France pour les crimes commis pendant la colonisation".
Polémique aussi en France
Durant la Première Guerre mondiale, 430 000 soldats issus des colonies françaises sont venus combattre en Europe, dont près de 200 000 Algériens. Mais certains ont été envoyés en France de force, d'autres n'ont pas obtenu les droits qui leur étaient dus en s'engageant aux côtés des Français. Le travail de mémoire est toujours d'actualité.
La présence annoncée de l'Algérie au défilé sur les Champs-Élysées a également suscité la polémique du côté de l'Hexagone. Des critiques émanant essentiellement du Front national, dont quelques responsables ont créé un collectif baptisé "Non au défilé des troupes algériennes le 14 juillet 2014".
En revanche, plusieurs organisations de harkis ont salué la présence de représentants algériens. "C'est une grande fierté que les Algériens défilent le 14 juillet, pour la France et pour les harkis", s’est notament félicité, dans les colonnes de "Midi Libre", le délégué de la liaison nationale des harkis pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), Mohamed Otsmani. "Les deux pays doivent travailler ensemble", a rappelé quant à elle la présidente de l'association harkis et droits de l'Homme, Fatima Besnaci-Lancou.
Avec AFP