Le pape François, qui a reçu lundi des victimes de prêtres pédophiles, a dénoncé la "complicité inexplicable" d'une partie du clergé à l'égard de ces crimes sexuels. Il a demandé pardon au nom de l'Église catholique.
La rencontre était très attendue. Le pape François a reçu, lundi 7 juillet, pour la première fois au Vatican un groupe de victimes de prêtres pédophiles, confirmant la volonté de l'Église catholique, déjà manifestée par Benoît XVI, de rompre avec la tolérance coupable du passé et le manque de solidarité avec les enfants abusés.
Le souverain pontife a dénoncé lundi "la complicité inexplicable" d'une partie du clergé à l'égard des prêtres et des évêques pédophiles, et promis qu'il "ne tolèrerait aucun mal" fait à un mineur.
Il a aussi a affirmé que la douleur des victimes et les suicides "pèsent sur la conscience de l’Église". Il a "demandé pardon pour le péché d'omission de dirigeants" de l’Église, qui ont refusé d'entendre les dénonciations et les plaintes des victimes.
Six victimes accueillies par le Pape
Six victimes, deux d'Allemagne, deux du Royaume-Uni et deux d'Irlande, pays le plus touché par le scandale, ont été reçus par Jorge Mario Bergoglio à la résidence Sainte-Marthe où il réside depuis son élection en 2013.
Le pape a récemment comparé tout prêtre qui abuse d'un enfant à quelqu'un qui commet le pire sacrilège religieux, "une messe noire". Il a affirmé avec force : "On ne joue pas avec les enfants".
Cette rencontre avec les victimes, qui suit celles que Benoît XVI avait eues lors de plusieurs de ses voyages, a lieu au Vatican même.
Elle sera précédée d'une messe dans la chapelle du pape et aura lieu au lendemain d'une réunion de la nouvelle commission pour la protection des mineurs, constituée par le pape François en mars.
Politique de tolérance zéro
Cette commission, destinée à éduquer, prévenir, combattre les dangers pédophiles dans les institutions de l'Église, mais non à agir directement sur les enquêtes, est composée de quatre femmes, dont Marie Collins, victime irlandaise d'un prêtre pédophile, et de quatre experts reconnus. Le cardinal capucin de Boston, Sean O'Malley, proche du pape, la dirige. En font partie également l'ancien chef du gouvernement polonais Hanna Suchocka, une pédopsychiatre française, une psychiatre britannique, un avocat italien, un théologien argentin, un jésuite allemand psychothérapeute.
L'objectif de la session de dimanche était d'élargir cette commission à des experts du Sud, alors que la pédophilie y est largement ignorée et tabou dans les sociétés et dans l'Église.
Le souverain pontife a accentué la politique de tolérance zéro initiée par son prédecesseur, en complétant le dispositif léga l: il a réformé le code pénal du Vatican et du Saint-Siège, tous ses membres étant passibles de sa justice pénale.
Un premier procès pourrait se tenir au tribunal du petit État contre l'ancien nonce polonais à Saint-Domingue, l'archevêque Jozef Wesolowski, réduit à l'état laïc après avoir eu des relations tarifées avec des mineurs.
Le Vatican a été en accusation devant les comités pour les droits de l'enfant et contre la torture de l'ONU, qui, tout en reconnaissant des efforts, ont soutenu que le Vatican avait continué parfois à occulter des affaires, et à muter tranquillement des prêtres pédophiles.
Le pape François, après avoir été assez silencieux sur ces thèmes, a demandé solennellement pardon au nom de l'Église et promis des "sanctions très sévères".
Il a aussi affirmé que l'Église est l'institution qui a réagi avec le plus de "transparence et responsabilité", et que la majeure partie des cas survenait dans les familles et le voisinage.
Avec AFP