Le Japon décide de durcir les conditions d'accès des Mexicains à son territoire, après qu'un premier cas suspect de grippe porcine a été signalé en Asie. Le Mexique, les États-Unis, le Canada et l'Europe sont désormais touchés par le virus.
AFP - Le virus de la grippe porcine, parti du Mexique où il aurait fait près de 150 morts, a gagné les Etat-Unis et est arrivé en Europe avec des cas confirmés lundi en Espagne et Grande-Bretagne, nourrissant l'inquiétude à travers le monde où nombre de pays tentaient de se prémunir.
Dans la soirée, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de relever son niveau d'alerte de 3 à 4 sur une échelle de 6, signifiant "une montée en puissance significative" du risque de pandémie de la grippe porcine.
Aucune région du monde n'est à l'abri du virus, a prévenu lundi le numéro deux de l'OMS, Keiji Fukuda, lors d'une conférence téléphonique depuis le siège de l'organisation à Genève.
Au Mexique, foyer de l'épidémie, le nombre de morts "probables" atteint désormais 149, selon le ministre de la Santé, José Ángel Cordova.
Le gouvernement avait auparavant indiqué que le nombre de morts avérés était de 20 et précisé que 1.614 cas suspects avaient été traités par les médecins, dont 400 encore hospitalisés.
Il a également décrété la suspension de toutes les "activités scolaires" et suspendu les activités publiques dans la capitale Mexico.
Les Etats-Unis, où "l'état d'urgence sanitaire" a été déclaré dimanche, sont, après le Mexique, le pays le plus touché par l'épidémie.
Quarante-quatre cas de grippe porcine y ont été confirmés dans cinq Etats, dont 28 élèves d'une école privée de New York, selon les autorités sanitaires américaines.
Deux élèves français, membres d'un groupe de trente-trois lycéens français présent à New York dans le cadre d'un échange avec cette école, ainsi qu'un de leurs professeurs, ont présenté des symptômes grippaux la semaine dernière mais ils ont été traités et "vont bien", selon le consul de France à New York.
Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé qu'ils allaient distribuer 11 millions de traitements antiviraux contre la grippe porcine issus des stocks fédéraux pour aider les Etats américains touchés.
"Il s'agit évidemment d'un sujet d'inquiétude qui justifie que nous élevions le niveau d'alerte", a déclaré le président américain Barack Obama, "mais il n'y a pas de raison de s'inquiéter".
M. Obama est revenu sans la grippe d'un séjour au Mexique les 16 et 17 avril et n'a montré aucun symptôme inquiétant, a assuré la Maison Blanche, assaillie de questions de la presse.
Aucun décès n'était encore enregistré aux Etats-Unis, tout comme au Canada, où six cas ont été confirmés et entre 10 et 12 personnes ont été placées en isolement car présentant des symptômes "très proches" de ceux de la maladie.
Les trois premiers cas de grippe porcine avérés en Europe, chez des personnes de retour du Mexique, ont été détectés lundi en Grande-Bretagne et en Espagne, laissant craindre aux autorités sanitaires que le continent soit durement affecté.
Vingt autres cas suspects sont encore en observation en Espagne et une quinzaine en Grande-Bretagne. D'autres sont également en observation en Italie, en Suisse, au Danemark, en Suède, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, Israël, au Brésil, au Pérou et en Colombie.
Bogota a d'ailleurs placé lundi soir le pays en "situation de désastre national", afin de lutter plus efficacement contre l'épidémie.
La Corée du Sud a, elle, détecté son premier cas suspect, selon l'agence Yonhap.
Dans certains pays, notamment la France, la Belgique ou l'Australie, des cas suspects se sont révélés négatifs. En France, quatre nouveaux cas présumés de grippe porci
ne sont encore "en cours d'investigation".
A New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a averti que le virus de la grippe porcine "pourrait causer une nouvelle pandémie".
L'organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture, la FAO, a elle placé ses équipes à travers le monde en "état d'alerte maximum".
La crainte de propagation du virus a conduit de nombreux pays à déconseiller les voyages au Mexique et dans certains Etats américains et mettre en place des contrôles aux aéroports et aux frontières et à placer sous surveillance ceux qui reviennent du Mexique avec des symptômes grippaux.
L'OMS n'a en revanche jusqu'à présent "pas recommandé de
restrictions de déplacements" en raison de l'épidémie, selon son porte-parole, Gregory Hartl.
Le Canada a annoncé qu'il allait imposer des contrôles médicaux aux quelque 15.000 Mexicains immigrant temporairement pour des travaux agricoles saisonniers mais qu'il n'empêcherait pas leur venue.
Plusieurs pays ont suspendu toutes ou partie de leurs importations de porc, comme la Chine, la Russie, l'Ukraine, la Thaïlande, l'Indonésie et le Liban, visant pour la plupart la viande en provenance du Mexique ou des Etats-Unis.
Le groupe pharmaceutique suisse Roche s'est dit "prêt" lundi à expédier dans le monde 3 millions de doses de Tamiflu, l'un des deux médicaments actifs contre les virus à l'origine de la grippe porcine selon l'OMS.
Son homologue britannique GlaxoSmithKline (GSK) a annoncé lundi avoir fourni au Mexique, et à sa demande, 100.000 boîtes de son médicament antigrippal Relenza, l'autre médicament actif contre le virus selon l'OMS.
L'épidémie commençait à inquiéter les marchés pétrolier et boursier, qui ont fini en baisse lundi à New York.
"L'idée que la grippe porcine pourrait faire obstacle à un redémarrage de l'économie mondiale a conduit à une vague de ventes sur les marchés financiers", a ainsi observé Mike Fitzpatrick, analyste chez MF Global.