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Après 60 ans de pacifisme, le Japon révise sa Constitution

Le Japon, dont la Constitution consacre la renonciation "à jamais" à la guerre depuis 1947, s'est doté d’une nouvelle doctrine : l'"auto-défense collective", qui lui permet désormais de mener des opérations militaires à l'étranger.

Mardi 1er juillet, le gouvernement japonais a approuvé le projet de révision de la Constitution, qui intègre désormais le droit à "l’autodéfense collective". La résolution sera ensuite soumise au vote du Parlement.

Cette décision, adoptée à l’occasion du 60e anniversaire de la création des "Forces d'autodéfense", le nom officiel de l'armée nippone toujours en vigueur depuis, est historique. Impulsée par le Premier ministre Shinzo Abe, nationaliste convaincu, elle constitue un tournant majeur dans l'histoire du pays depuis la fin de la dernière guerre, car derrière ce concept assez vague se cache le droit pour l'armée de participer à des opérations militaires extérieures afin d'aider des alliés, au premier rang desquels les États-Unis.

Se fondant sur un épais rapport d'un panel d'experts qu'il a lui-même nommés, Shinzo Abe a ainsi voulu imprimer sa volonté de voir l'armée japonaise jouer un plus grand rôle extérieur et de ne plus être cantonnée à une mission d’autodéfense.

Une opinion publique hostile

Dans la foulée de sa capitulation le 15 août 1945, le Japon s'est vu imposer en 1947 par le vainqueur américain une Constitution, jamais amendée depuis, dont l'article 9 consacre la renonciation "à jamais" à la guerre. Les derniers sondages montrent que plus de la moitié des Japonais demeurent fermement attachés à cette Charte pacifiste et se disent opposés à la participation de soldats nippons à toute action militaire extérieure.

Ces derniers jours, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant les bureaux du Premier ministre pour protester contre sa politique de défense, aux cris de "Pas de guerre !" ou encore "Stoppez les fascistes". Certains manifestants brandissaient des portraits de Shinzo Abe affublé d'une moustache à la Hitler.

Face à cette opposition et surtout en raison de la complexité légale pour réformer la Constitution, Shinzo Abe a finalement préféré "réinterpréter" cette dernière, pour éviter un possible revers et convaincre son petit allié, le Parti du Komeito, de ne pas faire barrage à ses projets.

Abe inquiet de militarisation de la Chine

Dans son combat pour amender la loi fondamentale et tourner définitivement la page de la guerre, de la défaite et de la repentance, Shinzo Abe a notamment mis constamment en avant la dégradation de l'environnement sécuritaire du Japon, une allusion claire aux ambitions régionales grandissantes de la Chine, dont l'augmentation du budget militaire est chaque année plus importante.

Pékin, qui entretient un conflit territorial avec le Japon en mer de Chine orientale, dénonce régulièrement la politique de Tokyo, qualifiée de "dérive militariste". Une interprétation réfutée par Abe et son gouvernement, qui affirment haut et fort que le Japon est "amoureux de la paix".

Avec AFP

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