En mai dernier, deux Français, spécialistes de chute libre et de vol libre ont réalisé un saut inédit, à 10 000 mètres d’altitude, au-dessus du Mont-Blanc. Ils ont ensuite longé en parapente les flancs de la plus haute montagne d’Europe.
L’opération s’est déroulée le 31 mai dernier, dans le plus grand secret : après un an et demi de préparation, deux spécialistes français de chute libre ont sauté à 10 000 mètres, au-dessus du Mont-Blanc, pour ensuite voler en parapente au plus près du massif. Fred Fugen (35 ans) et Vince Reffet (29 ans), connus sous le nom des Soul Flyers, ont réalisé un exploit technique et physique inédit. La vidéo de ce saut vient d’être diffusée.
Pour voir le saut dans son intégralité, cliquez ici.
Équipés de combinaisons et de masques à oxygène, ils ont enchaîné pendant 40 secondes les figures acrobatiques en chute libre, à 400 km/h, avant d’ouvrir leur parachute. Ils étaient alors à 6 000 mètres d’altitude, au-dessus du sommet du Mont-Blanc, la plus haute montagne d’Europe (4 810 m). Équipés de petites voiles spéciales, les deux hommes, accompagnés par un caméraman, ont fait ensuite du "mountain swooping", une façon de voler qui consiste à passer le plus près possible du relief.
Pendant six minutes, ils ont longé l’arête de Peuterey, à 80 km/h, sur le versant italien du Mont-Blanc, avant d’atterrir près de Courmayeur. "C’est un saut extrême du fait des conditions, mais la préparation mentale a été la même que pour tous les autres sauts, explique Fred Fugen à FRANCE 24. Les figures de chute libre, nous les pratiquons depuis longtemps en compétition, tout comme le moutain swooping. La difficulté était de combiner les deux disciplines dans des conditions extrêmes."
Un créneau de 15 minutes pour ne pas gêner les avions
"Nous avions depuis longtemps cette idée de voler au-dessus du Mont-Blanc, mais il a fallu beaucoup de temps pour mettre en place cette opération, raconte l’aîné des Soul Flyers. Nous nous sommes entraînés avec des combinaisons conçues exprès pour résister à la température en très haute altitude, -55 C° ! Il a fallu aussi un avion spécial pour nous larguer et nous avons réalisé plusieurs sauts d’entraînement avant en Espagne et en Autriche."
Il a également fallu calculer le moment idéal : "Notre avion avait un créneau de 15 minutes, donné par la tour de contrôle de Genève, un samedi à 15 heures, pour nous larguer sans gêner les avions de ligne qui circulent dans la zone ! Nous avons eu beaucoup de chance que les conditions météo soient bonnes à ce moment-là, se réjouit Fred Fugen. Mais du coup, cela nous a un peu gênés pour longer l’arête, car la chaleur nous a empêché de passer vraiment au plus près du relief..."
Un précédent exploit à Dubaï
Leur performance rappelle celle de Félix Baumgartner. "Il faut effectivement des moyens techniques et financiers importants, explique Fred Fugen. Mais contrairement à Félix, dont le but était de sauter le plus haut possible (40 000 m) et d’arriver en bas, nous avons voulu faire une version 'freestyle' de la chute et du vol."
Fred Fugen et Vince Reffet n’en sont pas à leur premier exploit. Triple champions du monde en chute libre, ils comptent plus de 10 000 sauts ensemble, mixant différentes disciplines : vol libre, base-jump (saut depuis un lieu fixe, falaise, tour, etc.), wingsuit (chute libre avec une combinaison en forme d’aile) ou encore speedriding (ski avec une petite voile de parapente). En avril 2014, les Soul Flyers ont établi un record en sautant de la plus haute tour du monde, le Burj Khalifa de Dubaï, qui culmine à 828 mètres.