Le chef du Kremlin a placé, samedi, les forces armées du centre de la Russie "en état d'alerte" pour des manœuvres imprévues, alors que Kiev a dénoncé la violation du cessez-le-feu unilatéral décrété la veille dans l'est de l'Ukraine.
Au lendemain du cessez-le-feu unilatéral décrété par le président ukrainien Petro Porochenko dans l'Est de l'Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a mis, samedi matin, les forces armées du centre de la Russie "en état d'alerte" pour des manœuvres imprévues.
"Conformément à son ordre, depuis 11 h, heure de Moscou, les troupes du district militaire central de même que les formations et unités militaires se trouvant sur ce territoire ont été placées en état d'alerte", a annoncé le ministre de la Défense Sergei Shoigu, cité par les agences russes.
Plus de 65 000 soldats et plus de 180 avions, ainsi qu'une soixantaine d'hélicoptères et près de 5 500 unités d'équipement militaire participeront aux exercices, selon le chef d'État-major de l'armée russe, Valeri Gerasimov.
Plus tôt dans la journée, les autorités de Kiev ont déclaré que quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu ukrainien, trois soldats ont été blessés dans la région de Donestk.
"L'état d'alerte" ferait suite à des exercices militaires imprévus, commandés par Vladimir Poutine, qui devraient avoir lieu entre le 21 et le 28 juin. Or cette période couvre précisement la durée du cessez-le-feu ukrainien, décrété dans le cadre d'un plan de paix pour mettre fin à l'insurrection séparatiste dans l'est du pays. Une initiative aussitôt dénoncée par Moscou et les séparatistes pro-russes qui regrettent de ne pas avoir été invités à ouvrir des négociations.
"Personne ne déposera les armes"
Parmi les 14 points du plan de paix, le chef de l’État ukrainien a notamment cité "des garanties pour la sécurité des participants aux discussions", l'amnistie "pour ceux qui ont déposé les armes et n'ont pas commis de crime grave", la libération des otages, la création d'une zone tampon de 10 km à la frontière entre l'Ukraine et la Russie.
Autres points qui fâchent, le plan stipule "le désarmement", la fin de "l'occupation illégale" des bâtiments de l'administration régionale de Donetsk et Lougansk contrôlés par les rebelles, l'organisation rapide d'élections législatives locales et un programme pour la création d'emplois dans la région. Un chef des séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine avait également rejeté d'emblée, vendredi soir, les conditions du plan de paix du président ukrainien, indiquant que les rebelles refuseraient tout désarmement sans le retrait des troupes gouvernementales.
"Personne ne déposera les armes tant qu'il n'y aura pas de retrait complet des troupes de notre territoire", a déclaré Valerii Bolotov, un dirigeant de la république séparatiste autoproclamée de Lougansk.
Depuis avril, les combats entre les insurgés séparatistes et l'armée dans la région industrielle russophone du Donbass ont fait au moins 365 morts. Ces affrontements menacent l'unité de l'Ukraine, ancienne république soviétique qui doit sceller un accord d'association historique avec l'Union européenne le 27 juin.
Obama et Hollande mettent Moscou en garde
L'annonce du cessez-le feu avait été immédiatement saluée par Barack Obama, Francois Hollande et Angela Merkel qui avaient prévenu, dans le même temps, la Russie des risques d'éventuelles sanctions si Moscou ne faisait pas baisser la tension.
"Dans le cadre des négociations ouvertes depuis le 6 juin entre la Russie et l'Ukraine, le Président Poutine doit maintenant appeler au plus vite les groupes armés séparatistes à cesser leurs actions militaires, empêcher le transfert de matériels en Ukraine et renforcer le contrôle de la frontière russo-ukrainienne", a indiqué l'Élysée.
Les États-Unis avaient déjà fait savoir qu'ils n'accepteraient pas la présence ni l'intervention de troupes russes à la frontière ukrainienne. "Nous surveillons la situation de près. Nous n'accepterons, sous aucun prétexte, l'emploi de forces militaires russes dans l'est de l'Ukraine", a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest.
"Les informations venant de Moscou selon lesquelles le ministère russe de la Défense envisage de créer des cordons militaires dans l'est de l'Ukraine sont également inquiétantes", a ajouté M. Earnest. "Nous n'avons aucune preuve que les unités militaires russes arrivant dans la région sont liées à une quelconque sorte de mission de sécurité à la frontière", a-t-il poursuivi.
Dans le même temps, Kiev dénonce une nouvelle attaque des séparatistes pro-russes dans l'Est du pays ce samedi 21 juin.
Avec AFP