Le géant américain de la vente en ligne doit dévoiler, mercredi, un nouveau produit. Tout indique qu’Amazon est prêt à lancer son propre smartphone, dont la principale particularité serait la possibilité de voir en 3D ce qu’il y a sur l'écran.
Amazon, c’est simple comme un coup de fil. C’est, en tout cas, le message que Jeff Bezos, PDG du site d’e-commerce, va tenter de faire passer mercredi 18 juin. Tout porte à croire qu’il devoilera alors le premier smartphone 100 % Amazon. Un téléphone qui, en outre, devrait être équipé d’un écran 3D.
La rumeur, qui existait depuis quelques mois, a gagné en crédibilité début juin, lorsque le groupe de Seattle a convié la presse pour découvrir un nouveau produit “avec quelque chose de plus”. Le site a ensuite rapidement mis en ligne une vidéo où plusieurs personnes tiennent en main un objet mystère. Pour la presse spécialisée, c’était la preuve ultime qu’Amazon est bien sur le point d’enrichir sa gamme de produits avec un smartphone.
“L’idée d’Amazon n’est pas tant de se faire de l’argent en vendant des smartphones mais avant tout de proposer ses propres terminaux comme des appâts, pour inciter les consommateurs à utiliser davantage ses services”, explique Ronald Klingebiel, professeur adjoint de stratégie à l’université de management de Warwick et spécialiste du secteur des télécoms. C’est ce que fait Apple avec l’iPhone, qui est une porte d’entrée pour l’App Store et iTunes. Google agit de même avec Android, son système d’exploitation pour smartphone, et les Chromebook, ses ordinateurs portables, qui donnent un accès direct aux applications du géant de l’Internet, comme Google Doc, Gmail (messagerie électronique) et autres.
Un smartphone ne “coûte plus très cher à fabriquer”
Amazon a déjà utilisé cette stratégie avec sa tablette Kindle Fire, une prolongation de sa liseuse électronique, conçue essentiellement pour “consommer de la vidéo à la demande et acheter des livres et jeux vendus par Amazon”, souligne le site BusinessInsider. Mais jusqu’à présent, Jeff Bezos et ses équipes semblaient se satisfaire des applications Amazon sur les iPhone et autres smartphones.
“Il est possible de se contenter de diffuser ses services sur des plateformes déjà existantes, mais on voit avec les exemples de Google rachetant Nest [le créateur de thermostats connectés, ndlr] ou d'Apple, qu’il y a un mouvement vers davantage d’intégration verticale”, note Ronald Klingebiel. Pour lui les avantages sont simples : disposer de son propre smartphone permet d’avoir une relation plus directe avec les utilisateurs et facilite la collecte de données.
Lancer son smartphone est d’autant plus aisé que “c’est devenu une commodité qui ne coûte plus très cher à fabriquer pour un grand groupe”, assure Ronald Klingebiel. Mais encore faut-il réussir à se faire une place sur un marché de plus en plus encombré. Apple et Android offre des écosystèmes très complets avec plus d’un million d’applications disponibles. Amazon ne propose, pour l’instant, qu’environ 200 000 applications sur sa Kindle Fire.
La 3D pour inciter à acheter plus ?
D’où l’idée de proposer un écran 3D ? “C’est évidement un élément marketing qui pourrait permettre à Amazon de se différencier”, reconnaît Ronald Klingebiel. Mais ce spécialiste pense que la 3D n’est pas qu’un gadget. “Il y a des choses qu’il est plus intéressant de voir en 3D plutôt qu’en 2D”, affirme-t-il. Le site économique américain Quartz précise : “La 3D peut offrir aux utilisateurs une vision multidimensionnelle des produits sur mobile favorisant l’acte d’achat”. Elle permettrait, ainsi, de transformer le smartphone en véritable petit showroom personnel et mobile où les consommateurs pourraient voir sous toutes leurs coutures ce qu’ils hésitent à acheter sur Amazon.com.
Ce serait aussi un bon argument pour attirer les développeurs vers l’écosystème Amazon, ajoute Quartz. La possibilité de créer des applications tirant profit de la 3D peut offrir de nouveaux horizons pour, notamment, les sociétés d’e-commerce ou de jeux vidéo. Si Jeff Bezos parvient à convaincre de l’efficacité de cette technologie, son smartphone pourrait à terme offrir des applications qui ne se trouvent nulle part ailleurs.