Au moins vingt femmes ont été enlevées, samedi, dans un village peul du nord-est du Nigeria à quelques kilomètres de Chibok, où 200 lycéennes avaient été kidnappées par Boko Haram le 14 avril.
Alors que les sommets internationaux sur la sécurité au Nigeria se multiplient, que la planète s’émeut et que #bringbackourgirls a interpellé jusque dans la Maison Blanche, la situation ne s’améliore pas dans le nord du pays, où au moins vingt jeunes femmes ont été enlevées, samedi 7 juin. Le rapt n’a pas été revendiqué mais Boko Haram, auteur des enlèvements massifs de Chibok, est soupçonné.
Ces rapts se sont produits dans une communauté peule, dans le village de Garkin et ses alentours, à 8 km de Chibok, dans l'État de Borno, où près de 200 lycéennes avaient été enlevées mi-avril. "Des hommes armées sont arrivés un peu avant midi et se sont emparés de 20 femmes, et de trois jeunes hommes qui surveillaient le village", a indiqué Alhaji Tar, membre d'une milice d'auto-défense locale. "Tous les hommes étaient partis dans les champs pour faire paître leurs troupeaux quand les ravisseurs sont arrivés", a-t-il ajouté.
Les informations varient sur le nombre de femmes enlevées dans ce campement de nomades peuls, une ethnie majoritairement musulmane. Un responsable local de l'Association d'éleveurs de troupeaux Miyetti Allah du Nigeria a déclaré que 40 jeunes mères avaient été emportées dans des véhicules vers une destination inconnue. Une source au sein de la Commission nationale des droits de l'Homme a, lui, précisé que les femmes étaient âgées de 15 à 30 ans.
Des filles contre du bétail
Selon le responsable local, des enlèvements ont déjà eu lieu dans cette région contre des rançons mais les habitants ont trop peur d'en parler par crainte de représailles du groupe islamiste armé Boko Haram, qui poursuit depuis cinq ans une insurrection sanglante dans la région.
"Ce n'est pas la première fois que des femmes sont enlevées dans cette région et sont relâchées uniquement quand nous payons la rançon en bétail aux ravisseurs", a-t-il poursuivi. "Ils arrivent et font du porte-à-porte, faisant sortir les femmes et sélectionnant des femmes jeunes, puis ils les emmènent dans leurs véhicules et réclament entre 30 et 40 vaches pour leur libération", a-t-il expliqué. Les villageois paient la rançon mais n'informent pas les autorités, selon lui.
Un responsable du gouvernement de l'État de Borno a indiqué, sous couvert de l'anonymat, que les autorités étaient au courant de l'enlèvement de samedi mais a nié avoir connaissance de précédents enlèvements. "C'est la première fois que nous entendons parler d'enlèvement de femmes peules et nous cherchons à connaître les circonstances de cet enlèvement afin de décider des actions à entreprendre", a-t-il déclaré.
L’État du Borno sous surveillance de l’armée
Depuis l'enlèvement des lycéennes le 14 avril, Boko Haram a intensifié ses actions, particulièrement dans l'État de Borno, où l'organisation a attaqué au moins quatre villages la semaine dernière, faisant des centaines de morts. Mardi, la police a fermé trois des principaux marchés d'Abuja, à la suite d'une alerte selon laquelle ils seraient menacés par une attaque de Boko Haram.
Une gare routière de la banlieue de la capitale a été frappée deux fois, en avril et en mai, par des attentats qui ont tué près de 100 personnes et 118 personnes ont péri le 20 mai dans un attentat dans un marché très animé de Jos.
L'armée nigériane, qui avait annoncé connaître l'endroit où se trouvaient les lycéennes enlevées, a affirmé lundi avoir empêché d'"énormes" attaques de villages dans les États de Borno et Adamawa, tous deux dans le nord-est, le week-end dernier.
Avec AFP