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Funérailles de Jaruzelski : entre huées, sifflets et recueillement solennel

Le dernier dirigeant communiste de Pologne, Wojciech Jaruzelski, a été inhumé, vendredi, dans un cimetière militaire de Varsovie, sous le regard de son ancien "ennemi" Lech Walesa et sous les huées de centaines de manifestants.

Entre sifflets et recueillement. Le général Wojciech Jaruzelski, dernier dirigeant communiste polonais qui a été inhumé vendredi 30 mai au cimetière militaire de Varsovie, continue de diviser ses compatriotes jusqu’au seuil de sa tombe.

Plusieurs centaines de manifestants massés le long du cortège et quadrillés par une rangée de policiers ont scandé à plein poumon des : "À bas les communistes !" et "Traître" ou encore "Assassin des Polonais". Ils ont également brandi de grandes photos de victimes de la loi martiale, décrétée par le général Jaruzelski en 1981 pour mater "Solidarité", le premier syndicat indépendant à l'Est.

Autres particularités de cette journée : la tenue d’une messe pour celui qui s’est dit toute sa vie "non croyant", en présence de l’ancien ennemi de Jaruzelski, l'ex-président Lech Walesa. Célébré en fin de matinée à la cathédrale de l'armée, l'office dédié au général, mort dimanche à l'âge de 90 ans, a également réuni l'ancien président social-démocrate polonais Aleksander Kwasniewski, les ambassadeurs russe et américain à Varsovie, ainsi que la famille du défunt : sa veuve Barbara et leur fille unique, Monika Jaruzelska.

Né dans une famille catholique de petite noblesse polonaise, Wojciech Jaruzelski avait adhéré jeune au communisme. Treize jours avant sa mort à l'hôpital, il avait demandé à un prêtre, "en toute liberté et de façon lucide", de pouvoir se confesser et de recevoir l'extrême onction.

"Je laisse le jugement à dieu"

Personnage controversé, le général Jaruzelski a divisé jusqu'à sa mort ses compatriotes quant au jugement à porter sur la loi martiale. Ses détracteurs continuent à lui reprocher aussi son dévouement au communisme imposé à la Pologne par Moscou après la Seconde Guerre mondiale. Ce fut, toutefois, ce même général qui permit à la Pologne le passage pacifique du pays de la dictature à la démocratie.

Sa décision de négocier l'avenir du pays avec Solidarité a abouti à l'été 1989, avec les premières élections législatives partiellement libres remportées par le mouvement de Lech Walesa, à la chute du pouvoir communiste. "J'ai perdu quelques batailles contre lui, mais j'ai gagné la guerre pour une Pologne libre. J'ignore toutes ses motivations, je laisse donc le jugement à dieu", a déclaré Lech Walesa.

Souffrant depuis quelques années d'un cancer des glandes lymphatiques, le général Jaruzelski est décédé peu avant les cérémonies du 25e anniversaire des premières élections semi-démocratiques, remportées par Solidarité, pour lesquelles le président américain Barack Obama et plusieurs présidents européens sont attendus le 4 juin à Varsovie.

Avec AFP

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