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Ligue 1 : Marcelo Bielsa, le pari "loco" de l'OM

Le nouvel entraîneur de l'Olympique de Marseille, l'Argentin Marcelo Bielsa, est attendu comme le messie par le club phocéen. Avec ses méthodes atypiques et exigeantes, l’OM fait un pari fou pour retrouver les sommets. Portrait.

Nom : Marcelo Bielsa. Profession : nouvel entraîneur de l’OM. Signe particulier : passionné obsessionnel de football. Surnom : el Loco (le fou). Mission : reconquérir un public marseillais frustré et redorer le blason du club qui est privé, pour la première fois en dix ans, des joutes européennes.

À défaut de pouvoir rivaliser avec les moyens financiers faramineux du PSG et de l’AS Monaco, l’Olympique de Marseille a frappé un grand coup en recrutant le technicien argentin de 58 ans. Officialisée depuis début mai, son arrivée aux commandes de l’OM s’est concrétisée le 27 mai, avec la signature d’un contrat dont la durée reste secrète.
Un "des meilleurs coachs de tous les temps"
Ancien sélectionneur de l'Argentine et du Chili, le palmarès de Marcelo Bielsa n’a rien d’impressionnant mais reste correct : une médaille d’or olympique décrochée en 2004 avec l’Albiceleste, et trois titres de champion d’Argentine remportés au début des années 1990, dont 2 avec le club de son cœur, le Newell's Old Boys. Depuis, le stade de cette équipe de Rosario, sa ville natale située à 400 km à l’ouest de Buenos Aires, porte son nom.
Sa carrière d'entraîneur
  • 1990 -1992 Newell's old Boys (Argentine)
  • 1992 -1994 Atlas Guadalajara (Mexique)
  • 1995 -1996 Club America Mexico (Mexique)
  • 1997 -1998 Vélez Sarsfield (Argentine)
  • 1998 -1998 Espanyol Barcelone (Espagne)
  • 1998 - 2004 Sélection d'Argentine
  • 2007 - 2010 - Sélection du Chili
  • 2011 - 2013 Athletic Bilbao - (Espagne)
  • 2014 - ? Olympique de Marseille (France)
Le secret de Bielsa ne réside pas dans son palmarès. Son truc à lui,c’est de hisser le plus haut possible une équipe en la poussant à se surpasser, en appliquant un football méthodique et spectaculaire. C’est cela qui vaut à ce technicien atypique et obsédé par le détail d’être considéré par les puristes et par Pep Guardiola, le coach catalan du Bayern Munich, comme l’un des meilleurs entraîneurs au monde. Pour le magazine "So Foot", il se classe onzième au classement "des meilleurs coachs de tous les temps".
C’est cette réputation qui a convaincu les dirigeants marseillais à le recruter et lui confier des joueurs qui sont apparus, au pire suffisants, et au mieux résignés, la saison passée. Or quel meilleur électrochoc que Bielsa ? Qui d’autre que lui peut révolutionner le jeu et le mental d’une équipe, sachant qu’il estime que le jeu collectif compte plus que le talent individuel ? Nul besoin de vedettes internationales pour bien jouer au foot. Ça tombe bien, Zlatan, Falcao ou Thiago Silva ne jouent pas à l’OM.
Un stratège scientifique
Pressing continu, repli défensif express, mouvement perpétuel, surnombre, passes courtes, utilisation quasi-systématique des intervalles, jeu offensif... même si elles ne gagnent pas tous leurs matchs à la fin, une chose est sûre, les équipes dirigées par Marcelo Bielsa pratiquent un football séduisant et mouillent le maillot.
"Concentration, mobilité, rotation et repli. Quand l'adversaire a le ballon, toute l'équipe fait le pressing le plus près possible de la surface adverse. Je suis un obsessionnel de l'attaque, a-t-il expliqué un jour, rapporte "So Foot". Le football offensif est infini. Moi, je joue avec un schéma court, avec peu de distance entre les lignes, je place mes joueurs sur l'une des moitiés longitudinales du terrain pour obtenir une supériorité numérique. Si on le fait bien, l'adversaire n'a pas d'issue". Scientifique.
Réputé et méticuleux, Bielsa est un détecteur de talent (Pochettino, Batistuta, etc…) et un stratège hors pair qui aime maîtriser le moindre paramètre de son club. Féru de statistiques en tout genre, il ne signe son contrat qu'après avoir visionné au moins deux fois tous les matchs de la saison de sa future équipe, tout analysé, à commencer par toutes les données disponibles sur chaque joueurs de son effectif (nombre de tacles, blessures, contrôles ratés, jours de vacances accordés (!), et sur ses adversaires (systèmes de jeu, cycles de victoires, etc…). Cela va sans dire que l’OM et la Ligue 1 n’ont plus aucun secret pour lui.
"Si le type ne va pas sur l'un des 220 centres que je lui fais, je le tue"
Intransigeant et exigeant, ses exercices d’entraînement sont tout aussi soigneusement préparés et peuvent être répétés jusqu’à épuisement par les joueurs, tant que ce perfectionniste n’est pas satisfait. 
Avec lui, un joueur peut effectuer plus de 200 centres par séance. "On va faire 220 centres sur un type avec cette idée que le ballon et le joueur arrivent à une vitesse maximum et se rencontrent à un point donné. C'est comme ça qu'on met des buts sur coup de pied arrêté. Sur les 220, 5 seulement vont arriver à destination, mais j'oblige le joueur à aller tous les prendre. Si le type ne va pas sur l'un des 220 centres que je lui fais, je le tue. Je dois lui faire sentir que c'est comme s'il avait violé une femme. Parce que ce ballon qu'il n'a pas été chercher, nous a enlevé notre argent, notre victoire, notre gloire, notre vie", explique-t-il dans une biographie intitulée "Lo suficientemente loco" (Fou, juste ce qu’il faut), publiée en 2012.
Reste à savoir si les jeunes joueurs de l’OM, les Thauvin, Imbula et Lemina, s’adapteront à la méthode Bielsa, loin des habitudes des footballeurs français. Si c’est le cas, les résultats peuvent être exceptionnels. Si, au contraire, ils se rebellent contre les efforts exigés par le technicien argentin, le club verra son projet réduit en cendres. Car El Loco a son caractère. Imprévisible, il n’est pas du genre à se laisser faire.
En 1992, après une cuisante défaite avec le Newell’s Old Boy (0-6), des centaines de supporters s'étaient rendus à son domicile pour lui demander des explications. Furieux de voir sa pelouse piétinée, Bielsa était sorti sur le pas de la porte, grenade à la main, en les menaçant de les faire exploser s’ils ne se dispersaient pas. Il a eu le dernier mot.