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NSA : "Les réformes du gouvernement américain sont vides de sens"

On lui doit les révélations sur les programmes de surveillance de la NSA, à l'origine de l'affaire Snowden. Le journaliste américain Glenn Greenwald est actuellement en France à l'occasion de la sortie de son livre "Nulle part où se cacher", qui revient sur ce scandale. Rencontre.

Son nom est moins connu que celui Edouard Snowden. Pourtant, c'est lui, le journaliste américain Glenn Greenwald, qui est à l'origine des révélations fracassantes sur l'espionnage de la NSA (Agence nationale de la sécurité aux Etats-Unis), en 2013, dans "The Guardian". Ce scandale a provoqué un séisme diplomatique à l'échelle mondiale mais aussi un vif débat sur les pratiques intrusives des États à l'encontre de leurs citoyens.

À l'occasion de la sortie en France de son livre "Nulle part où se cacher", qui retrace cette affaire au jour le jour, Glenn Greenwald revient, pour FRANCE 24, sur les conséquences de cette affaire. Morceaux choisis.

FRANCE 24 : Vous avez récemment rencontré Edouard Snowden en Russie. Comment va-t-il ?

Glenn Greenwald : Il est serein et se porte bien. Il n'a aucun regret d'avoir révélé tous ces documents. Même si, aujourd'hui, il ne peut toujours pas retourner chez lui, aux États-Unis, car il risque la prison à vie. Il sait qu'il est en sécurité en Russie.

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F24 : Aux États-Unis, certains disent que les services de renseignements russes se sont rapprochés de lui pour l'utiliser comme une source de renseignements. Qu'en pensez-vous ?

G. G. : Ce sont des affirmations complètement ridicules. À chaque fois que quelqu'un tente de faire des révélations sur les actions du gouvernement américain, il est accusé d'espionnage. C'était déjà le cas il y a 50 ans quand  Daniel Ellsberg a fourni au « New York Times » les Pentagon Papers, ces documents secrets du ministère de la Défense américain évoquant le procédé décisionnel du gouvernement durant la guerre du Vietnam. Cela lui avait valu d'être taxé d'espion. Mais il faut se méfier de ce genre d'attaques. Edouard Snowden n'a aucune relation avec le gouvernement russe, ni le gouvernement chinois, ni avec tout autre gouvernement.

F24 : Edouard Snowden a soustrait à la NSA deux millions de documents secrets. Vous en avez publié jusqu'ici une faible partie. Est-ce qu'il reste beaucoup de révélations à venir ?

G. G. : À l'époque, Edouard Snowden était venu nous voir en nous demandant d'être très prudent et de tout examiner afin de publier uniquement ce qui devait permettre au monde entier de prendre conscience de ce qui se passe. On a passé des semaines et des mois à mettre tous les documents en forme. On n'a pas publié ce qui pouvait mettre en danger la vie de certaines personnes. Nous avons été particulièrement vigilants sur ce point.

Bien sûr, il reste encore des choses à révéler mais nous devons encore en vérifier certaines avant de les communiquer.

F24 : Vous sentez-vous menacé ?

G. G. : J'encours bien sûr des risques mais j'essaie de faire attention et de continuer mon travail.

F24 : Est-ce que les pratiques de la NSA ont changé depuis ?

G. G. : D'importantes réformes vont être engagées mais je ne pense pas que ça va modifier les agissements du gouvernement américain. Washington va probablement amender des lois de vides de sens tout en prétendant qu'il s'agit de réformes. Ainsi, le président Obama pourra affirmer aux Américains et aux autres pays : "Nous avons entendu votre colère, nous avons rétabli un équilibre entre la vie privée et la sécurité". Mais en réalité, les mêmes pratiques vont continuer. Les activités d'espionnage sous Obama sont d'ailleurs bien plus répandues que sous l'ère de George W. Bush.