
L’armée malienne a été chassée de la ville de Kidal par des groupes armés, mercredi, après plusieurs heures de combats. Le président malien a demandé un "cessez le feu immédiat".
À l’initiative d’une "opération de sécurisation" pour reprendre Kidal, dans le nord-est du Mali, les forces armées maliennes ont été mises en déroute par des groupes armés, mercredi 21 mai. Au terme de plusieurs heures de combats, ce sont les rebelles qui ont pris le dessus.
"L’armée malienne a été complètement défaite. (…) Le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad), le Haut Conseil [pour l’unité de l’Azawad, NDLR] et le MNLA ont pris le contrôle de la ville de Kidal" , a déclaré mercredi soir sur FRANCE 24 Ambéry Ag Rhissa, un chef du MNLA (rébellion touareg).
Mossa Ag Attaher, responsable de la communication du MNLA, a dénoncé "l'agression" lancée selon lui par l'armée malienne, désormais délogée de "l'ensemble (de ses) positions" à Kidal. Une source militaire au sein de la Minusma (Mission de l’ONU au Mali) a confirmé que "les groupes armés ont pris nettement le dessus sur les forces armées maliennes". Les camps militaires restent "sous contrôle de l'armée malienne", a-t-elle cependant précisé alors que les rebelles touareg affirment contrôler le camp 1, celui de l’armée malienne, où le drapeau du MNLA aurait été hissé.
Selon RFI, des militaires maliens sont allés se réfugier dans le camp de la Minusma, situé au sud de la ville, d’autres ont pris la direction de Gao, à 300 kilomètres de là.
Des morts et des blessés dans les deux camps
Les rebelles touaregs ont également annoncé avoir pris le contrôle, mercredi 21 mai, d’autres localités "d'où l'armée a fui, sans combats" : Anderamboukane, Léré, Ansongo, Ménaka, Aguelhoc, Tessalit, Anefis. Cependant, cette information n'a pu être confirmée auprès d'aucune autre source en dehors des groupes armés .
Aucun bilan fiable de cette journée de violences n'était encore connu, jeudi matin, mais l'hôpital de Kidal a accueilli de nombreux blessés des deux camps. Bamako a fait état de "plusieurs blessés et des pertes en vie humaines" de part et d'autre dans les combats. Moussa Ag Assarid du MNLA a de son côté affirmé que la coalition des groupes armés (MAA, HCUA et MNLA) avait enregistré dans ses rangs "quatre morts et huit blessés". Selon lui, plusieurs soldats maliens ont été tués, blessés ou faits prisonniers. "Il y a des prisonniers et des morts dans les rangs de l'armée malienne", a souligné une militaire à la Minusma. Une information confirmée par le HCUA.
Le président malien demande "un cessez-le-feu immédiat"
Dans son allocution télévisée diffusée à 22h locale (minuit à Paris), Mahamane Baby a reconnu que les forces maliennes, "affaiblies par des problèmes de coordination, de renseignement, ont dû se replier sous le feu nourri des groupes rebelles appuyés par les terroristes d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et de narcotrafiquants". Sur FRANCE 24, Ambéry Ag Rhissa a été catégorique : il n’y a eu "aucun djihadiste" impliqué dans les combats, mercredi.
Dans un communiqué lu dans la soirée à la télévision publique ORTM, le porte-parole du gouvernement a indiqué que "conformément au souhait du secrétaire général des Nations unies et au nom de la communauté internationale", le président Ibrahim Boubacar Keïta avait demandé "un cessez-le-feu immédiat".
"On a envoyé un communiqué à la communauté internationale pour lui dire que l’on insiste pour quelle fasse parvenir à un cessez-le-feu rapidement. Il faut que l’on s’assoie, il faut que l’on se parle", a affirmé Ambéry Ag Rhissa sur FRANCE 24, mercredi soir.
Ce regain de tension au Nord-Mali a obligé la France à décaler de "quelques semaines" la réorganisation de son dispositif militaire au Sahel. Paris a annoncé, mercredi 21 mai, l’envoi d’une centaine de soldats supplémentaires à Gao. Une trentaine de soldats a déjà été déployé en renfort à Kidal. L'effectif de la force Serval passera ainsi à 1 700 hommes.
Avec AFP