
Huit activistes d’Alexandrie parmi ceux qui ont mené la révolte anti-Moubarak en 2011, dont l'opposante renommée Mahienour el-Masri, ont écopé de deux ans de prison. Ils sont notamment accusés d’avoir organisé une manifestation non autorisée.
Mahienour el-Masri, une figure de la révolution à Alexandrie, a été condamnée, mardi 20 mai, à deux ans de prison ferme et 50 000 livres (5 125 euros) d’amende pour avoir organisé une manifestation non autorisée, bloqué une rue, "attaqué un policier" et "détruit une voiture de police", rapporte le site d’information anglophone Al-Ahram Online.
Loai Mohamed Abdel-Rahman, Omar Abdel-Aziz Hussein, Islam Mohamed Ahmed, Nasser Abul-Hamed Ibrahim, Hassan Mostafa, Moussa Hussein, et Hassan El-Siyad, sept autres activistes pro-démocratie d’Alexandrie, ont écopé de la même condamnation.
Les huit militants de gauche, qui contestent avoir attaqué un policier ou détruit un véhicule de police, ont vu leur condamnation du mois de janvier confirmée en appel.
Les faits remontent au 2 décembre dernier lorsque les meurtriers de Khaled Saïd, le "Bouazizi égyptien", battu à mort par des policiers à Alexandrie en juin 2010, sont rejugés. Mahienour el-Masri, membre des Socialistes révolutionnaires, et d’autres activistes de la ville méditerranéenne organisent une manifestation devant le tribunal pour réclamer la condamnation des policiers meurtriers. Les forces de l’ordre tentent de disperser la manifestation, qui n’a pas été officiellement autorisée, et des affrontements éclatent.
Loi anti-manifestation
Un mois plus tôt, en novembre 2013, le gouvernement de transition a en effet promulgué une loi qui stipule que toute manifestation doit recevoir l’agrément des autorités avant d’avoir lieu, alors que, depuis la chute de Moubarak, les manifestations sont quasi-quotidiennes en Égypte. Cette loi permet au nouveau pouvoir de faire taire toute voix dissidente : plusieurs activistes non-islamistes de premier plan se retrouvent ainsi en prison simplement pour avoir participé à une manifestation.
C’est le cas d’Ahmed Maher et Mohamed Adel, leaders du Mouvement du 6-Avril, fer de lance du soulèvement de janvier 2011, et d’Ahmed Douma, un autre révolutionnaire de la première heure. Ils ont été condamnés en décembre 2013 à trois ans de prison pour une manifestation non autorisée, une condamnation confirmée en appel en avril 2014.
Le blogueur Alaa Abdel Fattah, autre célèbre militant de la gauche égyptienne, a lui été relâché en mars 2014 après avoir passé trois mois derrière les barreaux pour les mêmes faits. Tous ces activistes ont en commun d’avoir critiqué le nouveau pouvoir, issu du coup de force de l’armée contre le président Mohamed Morsi en juillet 2013.
Moins d’une semaine avant l’élection présidentielle qui doit porter au pouvoir le maréchal Sissi, cette nouvelle condamnation vient confirmer que la répression ne se limite pas, en Égypte, aux seuls sympathisants des Frères musulmans.