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L'UMP soupçonnée de faux frais de campagne estimés à plusieurs millions d'euros

Des sommes exorbitantes auraient été versées par l'UMP à une agence de communication dirigée par des proches de Jean-François Copé, selon "Libération". Des "frais de campagne" qui étaient, semble-t-il, attribués à des événements fictifs.

Le quotidien "Libération" affirme dans son édition du jeudi 15 mai que l’UMP a versé près de 20 millions d'euros à une filiale de Bygmalion, agence de commmunication dirigée par des proches de Jean-François Copé. Certains des évènements généreusement rétribués semblent fictifs, d’après le journal.

"Libération" dit avoir eu accès aux factures de Event&Cie, filiale de Bygmalion, sur la période de janvier à juin 2012, donc pendant la campagne présidentielle. Le quotidien révèle en particulier que l'UMP a versé 12,7 millions d’euros à Event&Cie pour au moins 55 "conventions thématiques", qui ont laissé peu de souvenirs aux principaux intéressés.

Une "conférence sur l'accès au crédit" programmée le 30 mai 2012, trois semaines après la défaite de Nicolas Sarkozy, a ainsi été facturée 299 000 euros, d’après "Libération". Or le député UMP Pierre Lellouche, supposé être le principal intervenant de cette conférence, dit ne jamais s’y être rendu. "Je conteste formellement avoir été associé et encore moins avoir été la cause d'une facture" a déclaré l'ancien ministre, qui a saisi son avocat dans la foulée pour "défendre [son] nom."

Pour une autre conférence, organisée à la salle Gaveau le 14 avril 2012, l’UMP a versé 680 950 euros à Event&Cie, alors qu’il n’y avait ni foule ni invités prestigieux. Une semaine avant le premier tour, cette conférence avait pour thème "La France avec les printemps africains - Regards croisés".

Gêne à l'UMP

Les cadres de l’UMP interrogés "sursautent, voire s'étouffent, à l'énoncé des montants", assure "Libération". "Ce sont des francs CFA ?" s'étonne ainsi un ancien ministre, cité par le journal.

Le plafond autorisé pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy était de 22,5 millions d'euros, mais les comptes de campagne avaient ensuite été invalidés par le Conseil constitutionnel. L'UMP a dû faire appel à ses sympathisants pour éponger les 11 millions d'euros manquants.

Le directeur de cabinet de Jean-François Copé a, de son côté, confirmé à "Libération" l'existence de "80 évènements" en 2012 et un chiffre global de 19 millions d'euros versés par l'UMP à Bygmalion pour cette même année. Il affirme avoir les preuves de la tenue de ces réunions, sans toutefois accepter de les fournir au quotidien, qui évoque l'hypothèse de "frais de campagne déguisés".

L'avocat de Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, conteste "toute accusation de surfacturation" et "toute rétrocommission". Quant à Jean-François Copé, il dénonce une machination et n'être "dupe de rien, ni moi, ni personne à l'UMP". "On approche des européennes", a expliqué l'ancien ministre. "On nous a fait ça avant les municipales avec les mêmes allégations, le tout mélangé, amalgamé, mal vérifié".

En février dernier, l’hebdomadaire "Le Point" avait déjà affirmé que Jean-François Copé avait favorisé Bygmalion, évoquant alors un total de 8 millions d'euros empochés par la société en "charge(ant) la mule sur certaines prestations facturées à l'UMP hors appel d'offres".

Jean-François Copé avait alors dénoncé un "coup monté" et porté plainte contre l'hebdomadaire. Une enquête préliminaire pour faux, abus de biens sociaux et abus de confiance a été ouverte le 5 mars dernier contre la société Event&Cie.

Avec AFP