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Très critiqué pour les mauvaises conditions de travail des ouvriers étrangers sur les chantiers du Mondial-2022, le Qatar a annoncé qu'il allait abolir le système de parrainage. Ce dernier met ces travailleurs à la merci des employeurs qataris.

La mobilisation internationale commence à porter ses fruits au Qatar. Suite aux vives réactions de nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme et aux critiques de la Fédération internationale de football (Fifa), l'Émirat a promis, mercredi 14 mai, de mettre un terme au système de parrainage, appelé kafala, très contraignant pour les ouvriers étrangers qui travaillent, notamment, préparer le Mondial-2022, organisé dans le pays. 

Ce code du travail interdit à tous les employés étrangers, y compris les Occidentaux, de rompre leur contrat sans l'aval d'un tuteur, qui est souvent leur patron. Ce dernier peut mettre fin à son parrainage quasiment à tout moment et renvoyer la personne dans son pays d'origine. Il peut aussi bloquer le départ d'un travailleur, comme ce fut le cas du footballeur franco-algérien Zahir Belounis pendant 17 mois.

"Les principaux amendements de la législation portent sur l'abolition de la Kafala et son remplacement par un système de contrat de travail", a annoncé le colonel Abdallah al-Mohannadi, directeur du département des droits de l'Homme au ministère l'Intérieur, lors d'une conférence de presse. Avant d'être adoptée, cette nouvelle loi doit toutefois être soumise au conseil de la Choura, une instance consultative, et à la Chambre de commerce et d'Industrie. Une nouvelle loi prévoit aussi de multiplier par cinq l'amende imposée à l'employeur en cas de confiscation du passeport de son employé. Le Qatar assure également qu'il va adopté "des normes unifiées pour les conditions de logement des travailleurs".

"Une étape importante"

Très critiquée pour avoir accordé le Mondial-2022 à ce pays, la Fifa s'est félicitée de ces avancées. "Cette annonce est une étape importante dans la bonne direction pour un changement durable dans les normes de protection des travailleurs au Qatar. Nous avons hâte de voir la mise en oeuvre de ces actions concrètes au cours des prochains mois", a déclaré le président Sepp Blatter dans un communiqué. "Nous allons poursuivre notre étroite collaboration avec les autorités du Qatar et le dialogue avec toutes les parties prenantes".

De son côté, l'ONG Amnesty International, qui dénonce depuis des années les mauvaises conditions de travail des ouvriers étrangers, a réagi avec beaucoup plus de réserve. Elle a estimé que ces régimes "sont en deçà des changements fondamentaux nécessaires pour s'attaquer aux abus systématiques contre les travailleurs migrants".

Près de 1 200 ouvriers népalais et indiens auraient déjà péri en deux ans sur les chantiers. La Confédération syndicale internationale a tiré la sonnette d'alarme dans un rapport publié en mars, en affirmant que si les conditions de vie et de travail ne changeaient pas, plus de 4 000 ouvriers pourraient mourir d’ici l’ouverture du mondial en 2002.

Avec AFP