
Alors que le pape François doit effectuer une visite en Israël dans deux semaines, la sécurité a été renforcée à Jérusalem, en réponse aux actes de vandalisme antichrétien et islamophobe menés par le groupuscule radical "Le prix à payer".
Une vague de vandalisme antichrétien et islamophobe déferle sur Israël, alors que le pape François s’apprête à effectuer un pèlerinage historique en "Terre Sainte", du 24 au 26 mai. "À ce jour, les actes de vandalisme incontrôlés empoisonnent l'atmosphère de coexistence et de coopération", a déploré le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, la plus haute autorité catholique romaine en Terre Sainte.
Dans les rues de Jérusalem, des tags injurieux ont récemment fait leur apparition. Ainsi peut-on lire "Jésus est une ordure" sur le mur de l'Église roumaine Saint-George, ou encore "Mort aux Arabes" sur une maison de la vieille ville. Ces derniers mois, les lieux de culte chrétiens et musulmans ont été attaqués quasi-quotidiennement.
Derrière ces actes, se cache le groupuscule "Prix à payer", composé de colons radicaux et activistes juifs d'extrême droite. Ils ont commis, depuis 2008, des centaines d'agressions généralement signées du graffiti "Tag Mehir" ("Le prix à payer" en hébreu), en Israël et en Cisjordanie occupée.
"Néo-nazis hébreux"
Ces extrémistes cherchent ainsi à "faire payer" ceux qu'ils jugent hostiles à leurs intérêts, à savoir les Palestiniens, les Arabes israéliens, les chrétiens de Terre Sainte, les militants de gauche et même des soldats israéliens, quand ces derniers sont chargés de démanteler certaines colonies "sauvages". La nébuleuse, qui gravite autour d'une yéchiva - école talmudique - à Yitzhar, une colonie de Cisjordanie occupée, connue pour être un bastion du radicalisme nationaliste-religieux juif, a été qualifiée de "néo-nazis hébreux" par le célèbre écrivain israélien, Amos Oz.
"Nos groupes néo-nazis bénéficient d'un soutien de nombre de nationalistes et même de législateurs racistes, ainsi que de rabbins qui leur fournissent, de mon point de vue, une justification pseudo-religieuse", a-t-il dénoncé.
"Peu d’arrestations"
Dans les faits, les auteurs de ces actes sont en effet peu inquiétés par la justice israélienne. Bien que la police procède à des interpellations - deux Israéliens, dont un colon, étaient interrogés dimanche par la police. La récente vague d'agressions n'a donné lieu, pour le moment, à aucune poursuite ni inculpation, les suspects appréhendés étant souvent des mineurs rapidement relâchés.
D'autre part, si certains dirigeants israéliens ont demandé que les membres de ce groupe ne soient plus considérés comme des militants d'"organisations illégales" mais des "terroristes", le gouvernement a jusqu’à présent refusé d’accéder à cette requête.
Dans son rapport annuel sur le terrorisme, publié le 30 avril, le département d'État américain a pour sa part cité, pour la première fois, les actions du "Prix à payer", déplorant que leurs auteurs soient rarement poursuivis.
En réaction, le ministre de la Défense israélien, Moshé Yaalon, s'est défendu de toute clémence envers ce groupe. "L'État doit lutter avec une poigne de fer contre ce qui se dénomme 'Le prix à payer', un phénomène hideux qui n'a aucun rapport avec les valeurs et la morale juives, dont le but est de nuire aux Arabes uniquement parce qu'ils sont arabes", a-t-il clamé.
À l'approche de la visite papale, la sécurité a été renforcée autour des sites dits sensibles, et le grand portrait du pape, accroché en guise de bienvenue dans la vieille ville, a été retiré. Pas de quoi rassurer les catholiques : "Nous n'avons aucune raison d'avoir peur, car Israël met à notre disposition une dose nécessaire, voire une 'overdose', de sécurité", a ironisé Mgr Twal.
Avec AFP