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Le président François Hollande a donné mardi une longue interview sur BFMTV et RMC, deux ans jour pour jour après son élection à l’Élysée. Alors que sa cote de popularité est au plus bas, il a demandé à "être jugé à la fin du quinquennat".

"Ce que je fais, c’est pour la France, pas pour le jugement des Français". François Hollande a tenu à mettre en avant son action à la tête de l’État français, deux ans après son élection. Interrogé mardi 6 mai sur BFMTV et RMC, le président le plus impopulaire de la Ve République a tenté de reconquérir les Français en mettant en avant ses réformes et ses actions sur le plan économique, tout en leur demandant d’être "patients", vu l’ampleur de la crise.

"Je ne m’attendais pas à des lendemains qui chantent"

L’éditorialiste Jean-Jacques Bourdin a rappelé d’emblée au président que sa cote de popularité était au plus bas après deux ans à la tête du pays. Ce à quoi le chef de l’État a répondu en demandant aux Français d’être patients : "Ils ne me font aucune indulgence. Je demande à être jugé à la fin du quinquennat." Sur FRANCE 24, le politologue Thomas Guénolé explique ce désamour des Français par trois principaux facteurs : "la hausse du chômage, parce que tout le monde est concerné", "la baisse du pouvoir d’achat, qui est en réalité la hausse des prix" et enfin "les impôts qui augmentent alors que les prestations sociales baissent." Il tempère tout de même : "Cela ne correspond pas forcément à une dégradation si brutale de nos conditions de vie, mais à une accumulation de choses et la perception que nous en avons."

Le président a rappelé la situation difficile du pays au moment de son élection, en 2012. Il a même lâché qu'en arrivant aux commandes, le pays était dans un tel état qu'il "a failli déposer son bilan". Et de reporter la faute sur l'ex-président Nicolas Sarkozy : "Si j'ai gagné en 2012, c'est sans doute parce que mon prédécesseur avait échoué".

"Aller encore plus vite sur les réformes"

"Nous devons aller encore plus vite parce que pour les Français, c'est insupportable, ils veulent des résultats", a lancé le chef de l'État. "On va aller plus vite sur la réforme territoriale, on va aller plus vite sur la simplification, on va aller plus vite sur l'allègement du coût du travail, on va même aller plus vite sur les impôts qui doivent baisser puisque dès cette année 2014, nous allons prendre une mesure supplémentaire pour les salariés modestes", a martelé le président.

François Hollande a d’ailleurs évoqué un éventuel report de 2015 à 2016 des élections régionales, ce qui permettrait "de faire des élections régionales et départementales avec le nouveau découpage. Le chef de l'État a évoqué "12 ou 11 régions", sur les 22 que compte actuellement la France métropolitaine.

Pas de "confusion" dans sa vie privée

François Hollande a balayé rapidement la question de sa vie privée, après les affaires qui ont secoué l’Élysée en décembre dernier, lorsque le magazine "Closer" avait révélé une possible liaison du président avec l’actrice Julie Gayet. "La vie privée relève de la vie privée. Il y a toujours à avoir une relation simple avec les Français. Qu'ils me jugent sur ce que je fais, qu'ils me regardent pour ce que je suis (...) Jamais je ne me suis livré à je ne sais quelle facilité, confusion, jamais je n'ai été dans une forme de vulgarité ou de grossièreté".

Un remaniement pour "donner l'impulsion nécessaire"

Interrogé sur son changement de Premier ministre au lendemain de l'échec de son camp aux municipales, François Hollande a expliqué : "Lorsque les Français disent qu'ils veulent que cela aille plus vite et plus fort, alors j'en tiens compte". Manuel Valls, "avec une équipe resserrée", doit "donner l'impulsion nécessaire et nous allons y parvenir". Il se félicite d’ailleurs de la popularité de son Premier ministre. Pour Thomas Guénolé, ce remaniement, malgré la popularité de Manuel Valls, "n’a aucune importance" sur la cote de popularité du président, c’est "un épiphénomène éditorial".

Pourquoi François Hollande est-il si impopulaire ?

"La crise la plus grave de la zone euro"

Le président s’est targué d’avoir réussi à stabiliser la courbe du chômage, à défaut d’avoir pu l’inverser. Mais il admet également ne pas avoir "suffisamment dit" que la situation économique "était grave" après son élection, notamment sur "la dégradation de la compétitivité de l’industrie". Il considère avoir dû alors faire face à la "crise la plus grave de la zone euro".

François Hollande a d’ailleurs de nouveau répété que s’il échouait à inverser la courbe du chômage et à retrouver la croissance, il ne se présenterait pas à la présidentielle de 2017.

L’offre pour Alstom n’est "pas suffisante"

Le président de la République a estimé que l'offre de General Electric pour le rachat de la branche énergie d'Alstom n'était "pas suffisante aujourd'hui". "Le rôle de l'État, c'est de pouvoir obtenir toutes les réponses à toutes les questions et faire en sorte que l'intérêt national puisse être préservé", a-t-il affirmé. La France a "suffisamment de moyens de pression" pour obtenir une meilleure offre, a-t-il déclaré, souhaitant "faire en sorte que les offres soient enrichies en termes d'emplois". Il a en revanche exclu l'hypothèse d'une entrée de l'État français au capital d'Alstom.

Des "responsabilités" à l ’international

François Hollande récuse le terme "amateurisme" qui lui a souvent été opposé, invoquant son action en politique extérieure, et "préfère prendre (ses) responsabilités". Et le chef de l’État de dresser le bilan de son action à l’international : "Amateurisme quand il s'est agi de sortir de la crise de la zone euro ? Amateurisme quand il s'est agi d'intervenir au Mali quand personne ne le faisait et que le terrorisme était en train de gagner la partie ? Amateurisme quand il s'est agi d'aller en Centrafrique pour éviter un génocide ? Amateurisme sur la crise syrienne quand j'ai été le seul chef d'État occidental à dire ‘Attention, ce qu'on est en train de laisser faire, c'est un massacre’ ? Je préfère prendre mes responsabilités et être jugé sur mes résultats". Mais là encore, explique Thomas Guénolé, l’action du président à l’international ne lui permet pas de reconquérir le cœur des Français : "Quand le chef de l’État prend sa grosse armée pour intervenir quelque part sur la planète, il a un pic de popularité soudain mais éphémère."

Avec AFP