Le gouvernement français a demandé lundi à General Electric d'améliorer son offre de reprise du pôle énergie d'Alstom, jugée insuffisante. Arnaud Montebourg suggère ainsi que GE apporte son secteur transport à Alstom.
"En l'état, nous ne pouvons malheureusement pas souscrire aux propositions que vous avez faites, reposant sur la seule acquisition des activités d'Alstom dans le domaine de l'énergie", a déclaré Arnaud Montebourg, ministre de l'Industrie, lundi 5 mai, à Jeff Immelt, PDG de General Electric (GE), concernant le rachat d’Alstom.
Le gouvernement juge en effet insuffisante l'offre de reprise "pure et simple" de GE sur le pôle énergie d'Alstom et a demandé qu'elle soit améliorée dans le sens d'un "partenariat équilibré" avec le groupe américain.
Le pôle énergie, qui représente 70% du chiffre d'affaires d'Alstom, soit 14,8 milliards d'euros pour l'exercice 2012-2013, revêt "une importance stratégique", a rappelé le ministre dans un courrier adressé à Jeff Inmelt au nom du président François Hollande.
"C'est singulièrement le cas pour les activités nucléaires, pour lesquelles la France se doit de conserver sa souveraineté technologique", a insisté Arnaud Montebourg, qui a également fait part de "la sensibilité particulière du gouvernement" face à l'avenir "des métiers et des personnels" d'Alstom. Jeff Inmelt avait fait part la semaine dernière de sa volonté de créer "un leader mondial de l'énergie en France", avec des créations d'emplois à la clef.
L'exécutif français ne précise toutefois pas comment il pourrait s'opposer à une décision du conseil d'administration d'Alstom, favorable à General Electric. L'Autorité des marchés financiers (AMF) a été saisie pour s'assurer de la transparence du processus de vente et de l'égalité stricte entre l'offre de GE et celle concurrente de l'allemand Siemens.
Sauvegarder Alstom Transport
Dans sa lettre, le ministre de l’Industrie n'écarte pas qu'un accord soit trouvé avec General Electric. Il souligne, en revanche, que "le gouvernement souhaite examiner les voies et moyens d'un partenariat équilibré, rejetant une acquisition pure et simple qui, en l'état, conduirait à la disparition d'Alstom".
Arnaud Montebourg suggère ainsi que GE cède à son tour à Alstom Transport ses activités dans le secteur du transport pour "assurer un avenir mondial certain" à cette branche du groupe français, représentant un chiffre d'affaires de 3,9 milliards de dollars.
Le gouvernement a également demandé au PDG de GE de "préciser ses engagements" dans la création d'emplois "en détaillant et en documentant leur contenu". La division énergétique représente près de 9 000 salariés, soit près de la moitié des effectifs français d'Alstom.
Le conseil d'administration d'Alstom a donné sa préférence à GE, il s'est toutefois réservé le droit de répondre à des offres non sollicitées, comme celle de Siemens, qui est soutenue par le gouvernement français. Il a jusqu'à la fin mai pour étudier d'éventuelles offres de rachat pour sa branche énergie, avant d'entrer en négociations exclusives avec le candidat mieux disant.
GE propose 12,35 milliards d'euros pour la branche énergie du groupe français. Le groupe allemand Siemens a également proposé de racheter ces activités, qu'il évalue dans une fourchette de 10,5 milliards à 11 milliards d'euros, en échange notamment de son secteur trains et métro, mais le groupe n'a pas encore déposé d'offre ferme, contrairement à GE.
Avec AFP