L'embargo sur les ventes de diamants en Côte d'Ivoire, mis en place après la guerre civile il y a neuf ans, devrait prochainement être levé par le Conseil de sécurité de l'ONU. Et l'embargo sur les armes pourrait être assoupli.
Les Ivoiriens devraient pourvoir reprendre prochainement le commerce de diamants. Le Conseil de sécurité de l'ONU a, en effet, fait savoir qu’il s'apprêtait à lever l'embargo sur les fameuses pierres précieuses, entré en vigueur il y a neuf ans, après la guerre civile de 2002.
"Il y a consensus sur le sujet", a déclaré un diplomate ayant requis l'anonymat. Le projet de résolution ne devrait pas "prêter à controverse", a confirmé un deuxième. Il pourrait être adopté dès la semaine prochaine.
Le groupe d'experts de l'ONU chargé de veiller au respect de l'embargo a quant à lui jugé ce mois-ci que "les mesures et restrictions imposées par le Conseil de sécurité [...] n'empêchaient toujours pas le trafic illicite de diamants bruts ivoiriens".
La Côte d'Ivoire, qui fait pression pour la levée de l'embargo, a obtenu en novembre l'aval du Processus de Kimberley, instance internationale chargée d'empêcher la vente de diamants au profit d'activités militaires.
Un embargo inéfficace
L'embargo sur les ventes de diamants avait été décrété parce que les pierres précieuses alimentaient l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), qui contrôlait le nord du pays depuis son coup d'État manqué de 2002 contre le président Laurent Gbagbo.
La Côte d'Ivoire demandait depuis plusieurs mois à pouvoir recommencer à exporter ses diamants et elle avait reçu en novembre dernier le feu vert du Processus de Kimberley pour que l'ONU lève son embargo.
Créé en 2000, le régime international de certification dit de Kimberley, soutenu par l'ONU, rassemble 75 États. Il édicte des conditions à remplir par un pays pour que ses diamants puissent être exportés légalement. Cette initiative répond à la controverse autour des "diamants du sang", ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits, comme en Angola ou au Sierra Leone.
D'après un document de l'Union européenne, la production annuelle de diamants ivoiriens est de 50 000 à 300 000 carats (1 carat = 0,2 gramme), ce qui place le pays bien loin derrière les premiers producteurs mondiaux (Botswana, Russie, Angola, Canada). Entre 200 000 et 300 000 Ivoiriens en vivent, faisant essentiellement de l'extraction artisanale.
L'embargo avait eu pour effet de susciter des filières parallèles et selon un récent rapport d'experts de l'ONU, la production et la commercialisation illégales du diamant brut se poursuivent en Côte d'Ivoire à travers des "réseaux qui achètent puis exportent illégalement en passant par les États voisins".
Assouplissement de l’embargo sur les armes
Le projet de résolution assouplit aussi l'embargo sur les armes imposé au pays. Les armes lourdes restent strictement contrôlées mais des armes de petit calibre pourront désormais être livrées à la police et la gendarmerie par exemple, sous réserve de notification préalable à l'ONU.
Il s'agit de donner des moyens aux forces de l'ordre locales au moment où la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) réduit progressivement ses effectifs. Ceux-ci sont passés d'un maximum de 10 400 hommes à 7 137 et ce chiffre doit tomber à 5 400 en 2015.
Le calme est revenu en Côte d'Ivoire depuis la chute de l'ancien chef de l'État Laurent Gbagbo en 2011 après des violences post-électorales qui ont fait plus de 3 000 morts.
Avec AFP et REUTERS