
Près de 700 partisans présumés de l'ex-président Mohamed Morsi ont été condamnés à mort en première instance, lundi. Le verdict définitif n'interviendra que le 21 juin.
Le tribunal égyptien de Minya, dans le centre de l'Égypte, a condamné à mort en première instance Mohamed Badie, chef de file des Frères musulmans, ainsi que de 682 partisans du mouvement. Conformément à la loi égyptienne, la peine capitale doit encore être validée par le mufti, représentant de l'islam auprès de l'État mais dont l'avis n'est pas contraignant. Ce n'est que le 21 juin que le juge pronconcera la peine définitive.
"C'est un verdict spectaculaire et sans précédent en Égypte. C'est le même juge qui avait déjà condamné à mort 529 Frères musulmans en mars et malgré le tollé qu'il avait provoqué dans la communauté internationale et dans les organisations de défense des droits de l'Homme, il a réitéré", commente Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 en Égypte.
Le juge Said Youssef - particulièrement sévère cette fois car l'ensemble des accusés a été condamné à mort - a prononcé son verdict après seulement 30 minutes d'audience. "Sur les 682 personnes, seuls 90 accusés sont en prison puisque la plupart sont en fuite et ont été jugés par contumace", précise Sonia Dridi.
Selon les experts, ces condamnations n'ont toutefois aucune chance d'être confirmées en appel tant la procédure judiciaire et les droits les plus élémentaires de la défense ont été bafoués par le juge.
Les premières condamnations commuées
Le tribunal de Minya a d'ailleurs commué en prison à vie 492 des 529 peines capitales prononcées le 24 mars à l'encontre d'autres partisans de la confrérie. En revanche, 37 condamnations à mort ont été confirmées. Leurs avocats, qui dénoncent un jugement expéditif, vont faire appel devant la cour de cassation.
Ces partisans de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, jugés dans les plus grand procès de masse de l'Histoire récente, selon l'ONU qui s'en était ému fin mars, sont accusées d'avoir participé à des manifestations violentes à Minya, le 14 août, le jour même où quelque 700 manifestants pro-Morsi tombaient sous les balles des policiers et soldats au Caire.
"Ce n'est pas mieux que le peine de mort"
A l'énoncé du verdict, plusieurs femmes qui attendaient avec anxiété devant le tribunal de Minya encerclé par les forces de l'ordre se sont évanouies, a constaté une journaliste de l'AFP. "Où est la justice?", s'est écriée l'une d'elle. "Mon fils Khaled écope de la perpétuité, ce n'est pas mieux que la peine de mort, alors qu'il n'a rien fait", se lamente une autre.