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Pourquoi Kiev peine à relancer son offensive anti-séparatiste

Au lendemain de l'annonce de la reprise des opérations militaires anti-séparatistes dans l'est de l'Ukraine, le correspondant de FRANCE 24 dans la région revient sur les difficultés de Kiev à utiliser ses forces armées contre les pro-Russes.

La reprise des opérations militaires ukrainiennes contre les séparatistes pro-russes peinait à se matérialiser, mercredi 23 avril, malgré les déclarations martiales des autorités de Kiev. C’est le président ukrainien par intérim en personne, Oleksander Tourtchinov, qui a donné l’ordre aux soldats de reprendre une opération "antiterroriste" visant à chasser les séparatistes pro-russes des nombreux bâtiments publics qu’ils occupent à travers tout l’est ukrainien.

Pour le correspondent permanent de FRANCE 24 en Ukraine, Gulliver Cragg, les difficultés que rencontre Kiev pour relancer son offensive ne sont pas surprenantes. Le journaliste explique que les forces armées ukrainiennes font face à trois problèmes majeurs : la vétusté du matériel militaire, le manque de motivation des troupes et l’hostilité d’une partie de la population de l’est ukrainien.

"Certains soldats hésitent à agir violemment contre des membres de la population pour un gouvernement qu’ils n’estiment pas tout à fait légitime", précise le correspondant de FRANCE 24 en évoquant les autorités mises en place après la fuite de l’ancien président Victor Ianoukovitch.

"Boucliers humains"

La précédente opération anti-séparatiste, menée la semaine dernière, s’était ainsi soldée par un échec cuisant pour Kiev : des insurgés s’étaient emparés de plusieurs blindés de l’armée ukrainienne tandis que les soldats avaient été désarmés par une foule hostile.

Ce dernier facteur – l’hostilité d’une partie de la population locale rassemblée autour des bâtiments occupés – complique énormément toute tentative d’assaut militaire contre les places fortes des insurgés pro-russes. Un bain de sang parmi les civils pourrait en effet mener à une intervention directe des 40 000 soldats russes massés de l'autre côté de la frontière.

"Le problème est qu’il y a beaucoup de membres de la population locale qui ne sont pas armés, qui n’ont pas pris part à des actions violentes, mais qui soutiennent le mouvement et qui participent aux manifestations. Ces personnes constituent une sorte de bouclier humain", affirme Gulliver Cragg.

Cette nouvelle montée de tension dans l’est ukrainien fait suite à l’échec de l’accord de Genève, signé la semaine dernière entre les représentants de l’Ukraine, de la Russie, de l’Union européenne et des États-Unis. L’accord fondé notamment sur l’évacuation des bâtiments et des places occupés par des manifestants à travers le pays est resté lettre morte.

Avec AFP