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La prise d'otages, "monnaie d'échange" pour les djihadistes en Syrie

L'État islamique en Irak et au Levant, soupçonné d'avoir enlevé les quatre journalistes français libérés samedi, aurait reçu une rançon pour mener son combat au nord de la Syrie, selon le spécialiste Fabrice Balanche, interrogé sur FRANCE 24.

Peu de détails ont filtré sur les conditions de la libération, samedi 19 avril, des quatre journalistes français détenus en Syrie depuis 10 mois. L'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), le plus radical des groupes djihadistes en Syrie, qui n’a pas revendiqué l’enlèvement, est pourtant soupçonné d’en être le responsable.

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Ce groupe djihadiste est né en 2003, dans le but d’en finir avec les Américains venus combattre sur le sol irakien. "À la faveur de la crise syrienne, les rebelles de l’EIIL ont progressivement migré de leur base irakienne vers la Syrie", explique Fabrice Balanche, spécialiste de la question syrienne. "À cheval entre ces deux pays, les djihadistes ont établi leur fief dans la ville de Raqqa", située au Nord de la Syrie, précise-t-il.

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Les Français ont représenté une monnaie d'échange

Bien que les autorités françaises aient maintes fois démenti le versement de toute rançon, préférant évoquer des "négociations" et des "discussions", de nombreux spécialistes s’autorisent à penser le contraire. "Les quatre journalistes français ont clairement représenté une monnaie d’échange, vis-à-vis du groupe rebelle", assure-t-il.

"Si la France n’a pas directement payé une rançon aux ravisseurs, on pense que le Qatar a joué un rôle décisif, comme il a sans doute réglé la rançon pour la libération des sœurs de Maaloula en Syrie, il y a deux mois", poursuit Fabrice Balanche.

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"Et comme les combattants de l’EIIL ont besoin d’argent pour mener leur combat contre les autres groupes rebelles au nord de la Syrie et que ce groupe est privé de financements internationaux, contrairement aux autres groupes rebelles, il se sert des otages pour poursuivre le combat."

Selon Fabrice Balanche, l'EIIL a également dû obtenir la libération de ses membres capturés par d'autres groupes rebelles comme le Front al-Nosra, en échange de la libération des quatre Français.