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Obama à Poutine : les insurgés de l’est de l’Ukraine doivent poser les armes

Lors d'un entretien téléphonique lundi soir, le président américain Barack Obama a demandé à son homologue russe Vladimir Poutine de convaincre les groupes armés pro-russes qui progressent dans l'est de l'Ukraine de "déposer les armes".

Alors que les pro-russes continuent de progresser dans l’est de l’Ukraine, menaçant le pays d'éclatement entre l'est russophone et le centre et l'ouest tournés vers l'Europe, le président américain Barack Obama a téléphoné à son homologue russe Vladimir Poutine pour lui demander de convaincre les insurgés de déposer les armes.

Barack Obama "a souligné la nécessité que toutes les forces irrégulières dans le pays déposent les armes, et pressé le président Poutine d'user de son influence avec ces groupes armés pro-russes pour les convaincre de déposer les armes", a indiqué lundi soir la Maison Blanche. Le président américain a également exprimé "sa profonde inquiétude concernant le soutien du gouvernement russe aux actions de séparatistes armés, pro-russes, qui menacent d'ébranler et de déstabiliser le gouvernement en Ukraine". Vladimir Poutine, quant à lui, a qualifié les accusations d'ingérence de Moscou de "conjectures" reposant "sur des informations infondées".

Le Kremlin a annoncé que Vladimir Poutine recevait de "nombreuses demandes" d'aide des régions de l'est ukrainien et suivait la situation avec "beaucoup d'inquiétude". Des déclarations qui renforcent les craintes d'intervention militaire, alors que la Russie a massé jusqu'à 40 000 hommes à la frontière ukrainienne, selon l'Otan, et que le président russe affirme depuis longtemps qu'il assurera "à tout prix" la sécurité des populations russophones de l'ex-URSS.

Tout recours à la force serait "criminel", estime Lavrov

Ce regain de tensions fait peser l'incertitude sur les pourparlers prévus jeudi prochain à Genève. Mardi matin, depuis Pékin où il est en déplacement, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, n'a pas mâché ses mots. "Vous ne pouvez pas envoyer les chars et en même temps tenir un dialogue", a-t-il déclaré. "Le recours à la force réduirait à néant l'occasion offerte par la réunion quadripartite à Genève" entre l'Ukraine, la Russie, les États-Unis et l'Union européenne, pour tenter de dénouer la crise ukrainienne.

"La Russie exige instamment (que l'Ukraine) cesse d'envoyer des forces dans le Sud-Est pour écraser les manifestations", a ajouté le ministre russe des Affaires étrangères, dans une conférence de presse commune avec son homologue chinois Wang Yi. "L'Ukraine propage des mensonges selon lesquels la Russie serait derrière les événements dans le sud-est du pays. C'est un mensonge éhonté", a poursuivi Sergueï Lavrov.

"L'opération antiterroriste" de Kiev toujours pas lancée

Kiev avait annoncé dimanche une "opération antiterroriste de grande envergure" pour reprendre la main face aux pro-russes qui tiennent des bâtiments publics dans une demi-douzaine de villes de l'Est, mais aucune activité militaire loyaliste n'a été constatée par les journalistes dans la région, hormis quelques survols d'aéronefs.

Sur le terrain, des activistes pro-russes, mais aussi des groupes d'hommes armés aux uniformes sans identification, sont toujours déployés dans plusieurs villes de l’Est. Des hommes armés de gourdins et de pierres se sont emparés des sièges de la police et de la municipalité à Gorlivka, localité de 250 000 habitants dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie.

À Sloviansk, ville symbole des dernières tensions où des groupes armés ont envahi samedi les bâtiments de la police, des services de sécurité et de la municipalité, la situation était fermement sous le contrôle des insurgés. "Nous demandons à la Russie de nous protéger et de ne pas permettre un génocide de la population du Donbass. Nous demandons au président Poutine de nous aider", a lancé un de leurs chefs, Viatcheslav Ponomarev. Dans le centre-ville, un millier d'habitants promettaient de rester sur place jusqu'à l'organisation d'un référendum sur le rattachement à la Russie.

Les pro-russes réclament ce rattachement, ou au minimum une "fédéralisation" de l'Ukraine, pour donner de grands pouvoirs aux régions. Pour la première fois, lundi, le président par intérim ukrainien Olexandre Tourtchinov a fait une ouverture dans ce sens, évoquant un possible référendum en même temps que la présidentielle anticipée prévue pour le 25 mai. Mais il parle d'un référendum national, quand les insurgés veulent des scrutins locaux, où le rapport de forces leur serait plus favorable. Et le gouvernement a jusqu'à présent toujours refusé d'aller au-delà d'une "décentralisation".

Avec AFP