Réuni dimanche à la demande de Moscou, le Conseil de sécurité de l’ONU a confirmé les antagonismes sur la crise ukrainienne entre Russes et Occidentaux. La Russie aurait massé entre 35 000 et 40 000 soldats bien équipés près de la frontière.
Dans la nuit de dimanche à lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence pour évoquer la situation dans l'est de l’Ukraine. Convoquée par Moscou, cette réunion a rappelé l’incapacité actuelle des Occidentaux à prendre des mesures concrètes en raison des positions opposées avec la Russie. Les membres du Conseil ont accusé la Russie de préparer dans l’est de l’Ukraine une intervention analogue à celle de la Crimée ; la Russie a accusé Kiev de russophobie.
" Les images satellitaires montrent qu’il y a entre 35 000 et 40 000 soldats russes aux abords de la frontière avec l’Ukraine équipés d’avions de combat, de chars, d’artillerie et d’unités de soutien logistique", a déclaré l’ambassadeur du Royaume-Uni, Mark Lyall Grant, lors de la réunion du Conseil. "Cela s’ajoute aux 25 000 militaires russes basés illégalement en Crimée", a ajouté l’ambassadeur. Son homologue français, Gérard Araud, est allé dans le même sens.
L’ambassadeur de Russie auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine, a quant à lui estimé que de "nombreuses accusations erronées avaient été faites contre la Russie." Il a accusé le gouvernement de Kiev d’être responsable de l’agitation qui règne dans le sud-est de l’Ukraine et déclaré que la menace d’intervention militaire du gouvernement ukrainien dans la région constituait "un usage criminel de la force".
Kiev a lancé une "opération antiterroriste" dans l’est
Le président ukrainien Olexander Tourtchinov a annoncé dimanche avoir déclenché une "opération antiterroriste à grande échelle" dans l’est de l’Ukraine avec la participation des forces armées. Selon lui, la Russie mène une guerre contre l'Ukraine et continue de semer le désordre dans l'est du pays, où, depuis samedi, des séparatistes armés ont mené plusieurs opérations dans des villes comme Donetsk, Sloviansk, Kramatorsk ou Marioupol.
"Du sang a été versé dans la guerre que la Russie mène contre l'Ukraine. L'agresseur ne va pas s'arrêter là, il continue d'organiser des émeutes dans l'est de l'Ukraine. Ce n'est pas une guerre entre Ukrainiens, c'est une situation de confrontation créée de toute pièce, dont le but est d'affaiblir, de détruire l'Ukraine", a déclaré le président ukrainien à la télévision.
Olexander Tourtchinov a posé un ultimatum, donnant jusqu'au lundi 14 avril, 6h00 locales (8h à Paris), aux séparatistes de l'est pour déposer les armes. Il a promis l'impunité à tout opposant qui rendrait les armes en temps et en heure.
Moscou a sommé les autorités de Kiev de cesser "la guerre contre leur propre peuple"."La responsabilité d'éviter une guerre civile en Ukraine incombe désormais aux Occidentaux", avait déclaré le ministre russe des Affaires étrangères dans un communiqué, appelant l'Occident à "maîtriser" ses alliés ukrainiens.
Deux morts dans les affrontements
À l'est de l'Ukraine, la situation s'est dégradée rapidement depuis samedi et les affrontements entre forces loyalistes et séparatistes ont été mortels. À Sloviansk, un agent du service de la sécurité d’État ukrainienne (SBU) et un militant pro-russe ont été tués dans un assaut "antiterroriste" lancé, dimanche 13 avril, par les forces ukrainiennes pour reprendre le contrôle de la ville de l'est de l'Ukraine aux mains depuis la veille des militants pro-russes. Ces derniers s’étaient emparés du QG de la police locale et du siège de la SBU.
Cinq autres personnes ont été blessées, a déclaré le ministre ukrainien de l’Intérieur Arsène Avakov sur sa page Facebook. Un militant pro-russe, Nikolaï Solntsev, interrogé par l’agence de presse RIA a confirmé de son côté qu’il y avait deux blessés dans les rangs des séparatistes.
Le ministre Arsène Avakov a, en outre, invité tous les civils à quitter le centre de Sloviansk, à ne pas sortir de leurs appartements et à ne pas s'approcher des fenêtres. Il a également fait mention de coups de feu dans la ville, ce que n'a pas pu confirmer un reporter de Reuters sur place.
L’Ukraine dénonce une "agression" russe
Samedi soir, le ministre avait dénoncé une "agression" russe. "Les autorités ukrainiennes considèrent les événements de ce jour comme une agression extérieure de la Fédération de Russie", écrit le ministre. Il affirme que les assaillants ont utilisé "des armes de fabrication russe AK100", dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie.
La journée du 12 avril a été, en effet, émaillée de combats dans cette partie russophone de l’Ukraine. Sloviansk, Krasny Liman, Kramatorsk, Louhansk ou encore Donetsk ont été en proie à des coups de force de groupes pro-russes qui se sont emparés de bâtiments officiels.
Avec AFP et Reuters