Le doute plane sur la tenue de deux concerts, celui de Miley Cyrus et de Justin Timberlake à Helsinki en Finlande. Le stade où ils doivent se produire appartient, en effet, à trois oligarques russes visés par les sanctions américaines.
Les fans européens de Miley Cyrus et de Justin Timberlake, et plus tard d’autres stars comme Aerosmith ou Elton John, pourraient bien devenir les premiers à ressentir concrètement les effets des sanctions américaines contre la Russie. Car le flou juridique plane autour de l’organisation de leurs concerts à Helsinki (Finlande) en mai et juin.
Le ver est, en fait, dans les gradins du Hartwall Areena. Ce stade où les musiciens doivent se produire appartient à trois Russes, tous visés par les sanctions économiques américaines contre la Russie prises lors de l’annexion de la Crimée, explique, le 2 avril, le quotidien britannique “Financial Times”. L’oligarque du secteur pétrolier Gennady Timchenko en détient, depuis 2013, 50 %, et les frères Boris et Arkady Rotenberg chacun acquis 25 % du complexe sportif utilisé à l'occasion de grands concerts.
Néanmoins, les sanctions décidées par Washington n’interdisent qu’aux ressortissants américains de traiter avec des proches de Vladimir Poutine. Et c’est là que le bât blesse. La vente de tickets pour les deux concerts en question a été réalisée par Live Nation Entertainment, un promoteur d’événements 100 % américain.
“Nous sommes en train d’étudier notre portefeuille de clients et allons nous assurer que les sanctions américaines contre les ressortissants russes seront respectées”, a affirmé Live Nation Entertainment au “Financial Times” sans préciser si ces deux concerts phares de Helsinki auraient lieu ou non. Côté russe, on se veut rassurant. Il n’y aurait pour l’instant aucune annulation d’un quelconque concert au Hartwall Areena et “les affaires continuent comme d’habitude”, a assuré au “Financial Times” Roman Rotenberg, le fils de Boris Rotenberg.
Quand c’est flou, y’a...
Il faut dire que la situation est compliquée et illustre bien les incertitudes juridiques qui entourent les sanctions internationales contre les ressortissants russes figurant sur les listes américaines ou européennes. “Live Nation n’a, d’un point de vue légal, plus le droit d’être en relation commerciale avec les propriétaires du Hartwall Areena”, souligne l’économiste finnois Onur Yalcintas au site Finnbay. Mais il y a, rappelle cet expert, des zones grises dans le dispositif : si Live Nation a, avant l’entrée en vigueur des sanctions, réglé sa facture auprès des oligarques russes la situation serait différente. Si tout est payé, les sanctions n’ont pas d’importance car elles ne sont pas rétroactives. Mais s’il ne reste qu’une partie à verser “les documents américains ne permettent pas de savoir clairement ce qui se passe dans ce cas là”, regrette Onur Yalcintas.
Reste que Live Nation peut aussi demander au ministère américain du Commerce des exemptions spécifiques et ponctuelles. Est-ce que Miley Cyrus, Justin Timberlake et le bonheur de milliers de fans peuvent être un motif valable pour contrevenir aux sanctions ?
Impossible de prévoir la position de Washington. Et c’est bien ce qui tracasse, d’après le “Financial Times”, des chefs d’entreprise américains et des cabinets d’avocats du monde entier actuellement : quelle sera l'intransigeance des autorités américaines sur l'application des sanctions.